La ville d’Alès et son agglomération représentent 140 000 habitants répartis sur 72 communes au nord du département du Gard, où les problèmes d’eau sont récurrents. Cette année, 66 communes ont été placées en état de catastrophe naturelle pour cause de sécheresse. C’est dans ce contexte que l’agglomération a lancé depuis deux ans le déploiement d’une solution digitale qui participe à la réorganisation du service de l’énergie, dont l’eau fait partie intégrante. « Nous nous préparons à déployer Advizéo pour gérer l’eau comme nous gérons déjà l’électricité, le gaz et le chauffage urbain », commence Julien Hillaire, responsable du service énergie pour la ville d’Alès et son agglomération.
Référencer chaque compteur d'eau
Dans les faits, le travail commence par des missions très fastidieuses, puisqu’il est d’abord nécessaire de repérer et de référencer les 400 compteurs d’eau qui alimentent les 1500 bâtiments de l’agglomération. « Certains sont équipés d’antennes Lora pour envoyer automatiquement les infos de consommations, d’autres sont équipés de sondes radios propriétaires donc nous ne pouvons pas nous y connecter facilement…. », poursuit le responsable. Une équipe est donc dédiée à cette tâche qui consiste à les référencer pour chaque bâtiment et à identifier les spécificités techniques de chaque appareil afin d’y ajouter ensuite le capteur de débit adapté.
Un travail indispensable qui va permettre de repérer plus rapidement les fuites d’eau. Une fois les compteurs référencés dans leurs fiches bâtiment, Julien Hillaire espère pouvoir disposer d’informations plus précises sur les consommations grâce à plusieurs relevés de données/jour, contre des moyennes sur plusieurs mois dans certains cas.
Détection d'une fuite dans une école
« Actuellement, nous savons que l’eau représente 20 % des consommations d'énergie de la ville et 15 % de celles de l’agglomération, mais nous manquons d’indicateurs pour savoir comment nous situer par rapport à d’autres municipalités. Sommes-nous plus ou moins performants ? C’est ce que ces données nous permettrons d’évaluer », indique le responsable. Son expérience personnelle l’incite tout de même à penser que les équipements fonctionnent bien et que la ville est « plutôt bien lotie » sur le sujet.
La preuve, en janvier dernier, Marc Dlubacz, économe de flux a détecté une fuite d’eau sur une école qui accueille 300 élèves. « Je me suis appuyé sur la moyenne des consommations de l’année précédente pour constater que ces dernières avaient augmentées de façon significative et soudaine. Sept mois ont ensuite été nécessaires pour trouver son emplacement, une canalisation enterrée inaccessible, puis faire intervenir des engins de terrassement pour pouvoir la réparer », résume l’économe de flux. « Pendant cette période, l’eau continuait à s’écouler dans le sol, ce qui a couté 14 000 euros, reprend Julien Hillaire. Réparer la fuite nous a finalement évité une dépense de 25 000 euros. »
L’enjeu désormais est de pouvoir détecter les fuites plus rapidement, de réaliser des économies d’eau et de les mesurer grâce aux données transmises par les capteurs. Six premiers appareils sont déjà installés, l'enjeu est de connecter les autres d'ici la fin de l'année pour disposer de mesures à partir de 2025.