La foncière logistique Aréfim a signé le 21 mars avec CDC Biodiversité sa première obligation réelle environnementale (ORE) à Château-Thierry (Aisne). Encore peu développé, cet outil permet de compenser les impacts de projets sur la biodiversité via un engagement contractuel sur trente ans. Aréfim l'expérimente ici sur la construction d'un bâtiment logistique de 60 000 m² SP, dessiné par le Groupe Franc Architecture, dont une partie est classée Seveso seuil haut. L'édifice occupera une emprise de 13 ha dans la zone industrielle (ZI) de l'Omois à Epaux-Bézu et Bézu Saint-Germain, où un riche écosystème s'était développé. Le terrain était en effet en jachère depuis près de cinquante ans, suite aux dépôts de déblais liés à la création de l'autoroute A4.
Reporting et suivi des actions. L'ORE a permis de monter un projet original en partenariat avec le lycée agricole de Crézancy qui va réaliser les travaux et l'entretien des 7,1 ha dédiés. CDC Biodiversité, en tant qu'opérateur de compensation, assurera un reporting et un suivi des actions ainsi que des mesures correctives sur cette période. « L'investissement s'élève à 1,3 M€ sur trente ans. Près de 40 % du budget a été versé dès le début pour acquérir le foncier, financer les premiers travaux et l'achat de machines pour le lycée partenaire. Et la compensation représente à peu près 3 % du budget global », souligne Benoît Duffours, directeur général délégué d'Aréfim.
Le montage du dossier, qui a impliqué une longue concertation, a duré deux ans et demi. « En faisant appel à une entreprise privée, nous aurions gagné un an. Mais le résultat est excellent. Il fait écho à notre ADN de société à mission. Beaucoup d'énergies locales se sont fédérées autour de ce projet qui valorise le territoire et lui donne des moyens. Le lycée, par exemple, pourra utiliser les machines sur d'autres sites et le temps passé par les élèves sera rémunéré », se félicite Benoit Duffours dont l'entreprise est certifiée B Corp.
Le boisement, situé sur la commune voisine de Verdilly, bénéficiera d'une augmentation et d'une restauration des surfaces d'écotones (lisières, clairières, bandes enherbées) tandis qu'un peu plus loin, le site de Crézancy profitera de travaux d'amélioration de la gestion des espaces ouverts (fauches exportatrices, pâturage extensif). Dans ces deux communes, les actions de compensation, qui ont démarré en février, consommeront un peu moins de la moitié du budget (250 000 euros au titre de la mise à disposition foncière et 364 000 euros au titre du programme d'actions sur trente ans). Le montant restant servira à réaliser la compensation sur le site de la ZI de l'Omois.
En effet, pour minimiser l'impact du projet, 3 des 13 ha impactés de la ZI resteront boisés. « Nous avons appliqué la méthode éviter, réduire, compenser (ERC). Pour ne pas toucher à cette partie de boisement existante, nous avons revu notre plan-masse et réduit une partie du développement », détaille le directeur. Il ajoute que la restauration de ces 3 ha s'est effectuée en suivant les conseils de CDC Biodiversité.