La pluralité des regards s’est d’emblée imposée aux chercheurs en agriculture urbaine rassemblés sous l’égide du ministère de l’Agriculture. Pour une période de trois ans renouvelable une fois, ils ciblent des innovations immédiatement exploitables, comme le stipule l’appel à projets remporté par l’équipe composée de deux instituts techniques agricoles – Astredhor pour le pilotage général et pour l’horticulture, Itavi pour les filières avicole, cunicole et piscicole – associés à l’Inrae, à Agroparitech, ainsi qu’à l’Ecole nationale supérieure du paysage (ENSP).
Economie circulaire
Associée pour la première fois à une Unité mixte technologique (UMT) du ministère de l’Agriculture, cette dernière ne boude pas l’occasion de reformuler un message permanent : « Nous sommes les derniers paysans. Former des gens à s’occuper des pays, cela nécessite d’associer des spécialistes et des généralistes, dans un modèle soutenable », proclame Antoine Jacobsohn, directeur adjoint chargé du Potager du roi.
Quatre axes irrigueront les innovations portées par l’UMT Fermes urbaines durables (Fup) : les bénéfices socio-écologiques de l’agriculture urbaine, y compris dans le registre esthétique ; son inscription dans l’économie circulaire, en particulier dans la gestion de l’énergie et des déchets ; la gouvernance et les modèles économiques ; et enfin, les techniques, low ou high.
Eloge des généralistes
Pour l’ingénierie en génie civil, la modélisation du rafraîchissement urbain ou la mesure des pollutions, le Centre d’études et d’expertises sur l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) apportera son appui à l’UMT.
Cœur du métier de paysagiste, la capacité à fédérer des compétences spécialisées fait aussi partie des spécificités de l’agriculture urbaine, selon Antoine Jacobsohn : « Elle relève autant de la culture que de la production, et postule l’utilité du mélange entre le social, l’écologique et l’économique ». Au passage, le directeur du Potager du roi rend un hommage appuyé à son équipe de jardiniers : ils réparent les machines, taillent les arbres, débroussaillent les prairies, rechargent les allées en gravier, préparent les sols…
Fertiliser les terres excavées
Consacrée à la terre jusqu’au 13 juillet 2022, la seconde biennale d’architecture et de paysage d’Ile-de-France offre un éclairage idéal sur les besoins auxquels répond l’UMT, au moment où la région s’interroge sur le recyclage et la fertilisation des matériaux excavés sur le chantier du Grand Paris. Ce dernier aspect relie directement la nouvelle UMT au projet de chaire sur lequel travaille l’ENSP, en partenariat avec l’entreprise ECT. La comparaison en cours entre des terres végétales de l’Essonne et des matériaux inertes compostés illustre leur coopération.
En parallèle, la montée en puissance du campus des métiers du patrimoine et de l’artisanat d’excellence inscrit les innovations à venir dans une démarche transdisciplinaire qui associe la gastronomie, le tourisme, le bâtiment et le paysage. Fédératrice de ces ensembles de compétences, l’agriculture urbaine fait partie des axes tracés par le campus impulsé par la région Ile-de-France et qui siège à la Grande écurie de Versailles, à quelques encablures du Potager du roi.