«Aerodream» se regonfle à Paris

L’exposition sur les structures pneumatiques qui s’était tenue au Centre Pompidou-Metz jusqu'au 23 août 2021 fait escale à Paris, à la Cité de l’architecture, jusqu’au 14 février 2022…

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Another Generosity (2018) - Lundén Architecture Company.

De pierre, de fer, de béton. L'architecture fait rarement dans la légèreté. Enracinée dans ses fondations, prisonnière de la gravité, elle est encore trop souvent pesante, comme l'air du temps en cette période. C'est précisément d'air dont il est question dans l'exposition «Aerodream» qui, après un séjour au Centre Pompidou-Metz en 2021, s’est transportée à la Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris) jusqu’au 14 février prochain.

Imaginée par Frédéric Migayrou, directeur adjoint du Musée national d'art moderne (MNAM)/ Centre Georges-Pompidou, et Valentina Moimas, conservatrice au service architecture de ce même musée, elle a été adaptée pour son escale parisienne par Stéphanie Quantin-Biancalani, conseiller scientifique et conservateur, responsable de la collection d’architecture moderne & contemporaine de la Cité.

En 250 œuvres et avec un parcours spécifique de gonflables monumentaux dispersés dans les galeries permanentes de l’institution, l’exposition célèbre le pneuma - tout à la fois souffle, respiration, âme, cœur et esprit - et l'enveloppe qui le contraint, métaphore de la peau et de sa proximité immédiate avec l'air. L'histoire des structures gonflables retracée par la manifestation est imprégnée de cette symbolique, tout comme elle compose avec l'histoire industrielle, militaire et spatiale, ponctuée de montgolfières, zeppelins et autres ballons-sondes.

A l'orée des années 1960, la banalisation de matériaux issus de la pétrochimie florissante démultiplie les applications possibles de ces structures auxquelles des architectes comme Frei Otto ou Cedric Price donnent leurs lettres de noblesse. En mai 1967, un colloque à Stuttgart entérine la naissance de ces architectures de la mobilité. Modulables, festives, colorées et sans fondations, enveloppes climatiques, légères et protectrices, elles sont en osmose avec une nature fantasmée, bien loin des tristes maisonnettes et autres bureaux climatisés de l'American way of life. Artistes et collectifs d'architectes s'en emparent : Archigram, Coop Himmelb(l)au, Panamarenko, Jean Aubert, Hans-Walter Müller… Quelques manifestations mythiques popularisent la démarche : l'exposition universelle d'Osaka (1970), documenta 4 et 5 de Cassel en Allemagne (1968 et 1972).

Le gonflable devient le parangon de la coolitude, en adéquation avec le pop art. Il acquiert même, par son impertinente impermanence, une fonction politique et critique envers l'urbanisme, une dimension volontiers contestataire dont des artistes comme Piero Manzoni, Yves Klein ou Andy Warhol tirent parti pour intervenir dans l'espace public au travers de performances.

Las! Le choc pétrolier des années 1970 et le débat écologique naissant qui l'accompagne sonnent le glas du tout-plastique fantastique. Le concept se dégonfle, mais - expiration/inspiration - effectue un discret come-back depuis une dizaine d'années, avec l'apparition de coussins en ETFE, d'enveloppes textiles recyclées… D'où un regain d'intérêt chez des architectes, chercheurs et plasticiens - Achim Menges, Herzog & de Meuron, Snøhetta, MAD Architects, Anish Kapoor, etc. - en quête d'inventivité spatiale, de structures minimales et d'expériences perceptives revisitées. Un nouveau souffle, en quelque sorte…

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