Adapter son logement au vieillissement, un défi d’avenir

En présence de Charlotte Parmentier-Lecocq, la ministre déléguée chargée de l’autonomie et du handicap, plusieurs acteurs de la filière du « bien vieillir » étaient réunis par la Capeb le 22 mai pour discuter des enjeux du logement face au vieillissement de la population. Malgré le succès de MaPrimeAdapt’, les défis subsistent face au « mur démographique » attendu à l’horizon 2030.

Image d'illustration de l'article
Charlotte Parmentier-Lecocq, la ministre déléguée chargée de l’autonomie et du handicap, Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, Luc Broussy, président de France Silver Éco. Paris, le 22 mai 2025.

Bien vieillir, c’est pouvoir rester le plus longtemps chez soi : un avis partagé par 99% des Français de plus de 65 ans interrogés par l’Ifop. Une aspiration quasi-unanime qui se traduit par l’engouement pour MaPrimeAdapt’, l’aide à l’adaptation des logements pour les personnes âgées ou en situation de handicap, sous condition de ressources et effective depuis janvier 2024. Une première année où 37 000 ménages en ont bénéficié « et cette dynamique se poursuit en 2025, le nombre de dossiers a doublé entre les premiers trimestres 2024 et 2025 », révèle Grégoire Frèrejacques, directeur général adjoint de l’Anah, devant l’assemblée réunit le 22 mai à Paris par la Capeb pour parler de l’adaptation des logements au vieillissement. Il estime que plus de 45 000 ménages seront aidés cette année. Revers de la médaille, « l’allongement des délais de traitement des dossiers est une réalité. »

2030, un Français sur trois sexagénaire

« On travaille sur d’autres pistes car MaPrimeAdapt’ n’est pas une solution généralisée », précise Luc Broussy, président de France Silver Eco, filière qui réunit les acteurs de l’adaptation de la société au vieillissement. À commencer par approfondir la prise de conscience des Français sur la nécessité d’adapter son logement, une « révolution culturelle » déjà en court selon Luc Broussy car l’âge moyen des travaux chez soi est passé de 84 ans à 75 ans. Des scores qui restent « minoritaires », nuance Fabienne Gomant, chercheuse à l’Ifop : actuellement seul quatre seniors sur dix ont engagé des travaux d’adaptation chez eux. Augmenter la prévention paraît donc essentiel, d’autant que six millions de Français auront plus de 75 ans en 2030 - contre quatre millions en 2020. Un vieillissement qui inquiète, « c’est le premier registre de crainte et celui qui augmente le plus dans nos études », détaille Fabienne Gomant de l’Ifop. Et pour adapter leur logement, les français comptent en premier (25% des répondants) sur les professionnels du bâtiment.

Les artisans, premiers interlocuteurs

Un rôle-clé qu’observe l’artisan plombier Benjamin Adam, gérant de l’entreprise SdB Rénolution en Charente dédiée à l’adaptation de la salle de bain et des WC pour seniors et personnes en situation de handicap. « Certains clients ne se rendent pas comptent qu’ils vieillissent et assez brutalement, vers 75 ans, ils n’arrivent plus à enjamber leur baignoire, raconte-t-il. Parfois j’interviens chez des personnes qui ne prennent plus de douche depuis un an. » Pour lui le rôle « préventif » de l’artisan est indispensable. Il appuie aussi sur la nécessité de se former : Benjamin Adam est titulaire de Silverbat et Handibat (voir encadré). « C’est un référencement qui donne confiance aux clients », observe l’entrepreneur.

Image d'illustration de l'article
Jean-Christophe Repon, président de la Capeb et Luc Broussy, président de France Silver Éco, signent une convention pour formaliser leur partenariat dans l’adaptation des logements au vieillissement. Paris, le 22 mai 2025. Jean-Christophe Repon, président de la Capeb et Luc Broussy, président de France Silver Éco, signent une convention pour formaliser leur partenariat dans l’adaptation des logements au vieillissement. Paris, le 22 mai 2025.

Des défis multiples, face auxquels France Silver Éco et la Capeb ont signé une coopération durable lors de la conférence du 22 mai. « C’est un signal fort sur l’importance du rôle des artisans du bâtiment au sein de la filière », conclut Jean-Christophe Repon, le président de la Capeb.

Se faire certifier

« Lors des formations Silverbat et Handibat on comprend les défis pour aller à sa salle de bain quand on est handicapé ou malvoyant », raconte Benjamin Adam, gérant de l’entreprise SdB Rénolution. Ces deux marques, propriétés de la Capeb et gérées par HB développement, certifient les entreprises dans l'adaptabilité au service des personnes âgées, des PMR et des personnes handicapées. Des formations de deux jours en présentiel, assurées notamment par des ergothérapeuthes et validées par des questionnaires en fin de session. C’est au début des années 2000 que né Handibat, d’abord au sein d’une expérience départementale dans l’Eure. La marque Silverbat est créée quelques années plus tard, « on voyait qu’une partie de la clientèle se détournait d’Handibat car ils ne se reconnaissaient pas dans ce label », se rappelle Patrick Lefeu, secrétaire général de la Capeb de l’Eure.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !