Adapter le béton de chanvre aux pratiques courantes de construction

Pour développer l’usage du chanvre dans la construction, la voie du bloc à maçonner en chanvre-chaux est explorée par un programme de recherche européen Eureka.

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Poussé par le courant du développement durable, le chanvre a la cote dans la construction. Cette plante fournit deux coproduits au bâtiment : la fibre et la chènevotte (le bois). Tandis que la première sert à fabriquer des laines isolantes, la seconde, grâce à sa faible masse volumique et à son pouvoir isolant élevé, entre dans la composition de mortiers et de bétons légers, auxquels elle apporte de nouvelles performances.

Le béton de chanvre trouve des applications dans les dallages isolants, l’isolation des toitures et le remplissage des murs. Dans ce dernier cas, le matériau, non porteur, est généralement banché en noyant l’ossature bois dans une épaisseur d’environ 30 cm. Mais le banchage sur site est pénible car le tassement doit être réalisé manuellement. Autre inconvénient : le temps de séchage est long et le bâtiment doit être ventilé plusieurs mois avant de réaliser les enduits.

Pour développer la filière chanvre, la solution est donc d’adapter le matériau aux habitudes des entreprises. « La construction de maisons individuelles en France et en Europe s’effectue à 90 % avec des blocs à maçonner », observe Bernard Boyeux, directeur marketing de BCB, filiale bâtiment du producteur de chaux Balthazard & Cotte. La chaux étant le complément naturel du chanvre, BCB a déjà développé des liants spécialement adaptés à ce matériau végétal, comme Tradichanvre et Tradical PF 70. Ce dernier a fait l’objet de la première formulation brevetée en Europe, spécifique pour béton de chanvre. Pour aller plus loin dans l’industrialisation, le fabricant a également initié un projet de recherche européen, Eureka HLB (hemp lime blocks), afin de mettre au point la fabrication de blocs en béton de chanvre. Le programme porte sur les blocs non porteurs, déjà expérimentés (voir l’encadré), et tentera de mettre au point des blocs porteurs.

Recherches sur le séchage.« L’objectif est d’utiliser les outils de production de blocs existants », précise Bernard Boyeux. Un bloc béton est conditionné en 3 à 4 jours après sa fabrication, tandis qu’un bloc chanvre-chaux doit sécher 3 semaines. L’équipe de recherche travaille sur des liants qui accélèrent le séchage, intégrant par exemple des pouzzolanes. Une autre piste pourrait déboucher à plus long terme : la fabrication en autoclave, comme pour le béton cellulaire. Pour réaliser des blocs porteurs, tout est dans le dosage des composants, l’un apportant la résistance mécanique et l’autre la faible conductivité thermique. On peut jouer sur l’épaisseur des blocs et passer de 30 à 35 ou 40 cm. « Ce qui est vraiment nouveau, observe Bernard Boyeux, c’est de rapprocher la chimie des minéraux, qui compte de nombreux experts dans le monde de la construction, de la chimie des végétaux encore étrangère à notre milieu. »

Un autre axe du programme Eureka portera sur l’étude des systèmes constructifs liés à l’utilisation de ces blocs, complétée par les dispositifs réglementaires, l’analyse des impacts environnementaux et de la valorisation économique.

Le projet, qui réunit des partenaires très spécialisés, en France, Allemagne, Belgique et Suisse (voir l’encadré ci-contre), s’achèvera dans deux ans.

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