Activité économique Les matériels profitent du boom des chantiers

Les ventes de matériels en France battent des records et pourraient encore être dopées par la relance des grands projets. Au niveau mondial, les constructeurs recherchent des opportunités en Chine, Inde et Russie.

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Intermat 2006 (exposition internationale de matériels et techniques pour les travaux publics, le bâtiment et l’industrie des matériaux) ouvrira ses portes le 24 avril dans une conjoncture favorable. Les ventes de matériels se portent bien. Même très bien. Pour la deuxième année consécutive, les ventes unitaires de matériels de BTP ont progressé pour atteindre 36 795 machines en 2005 (chiffres Seimat), soit 14 % de mieux qu’en 2004.

Redémarrage des grands projets. Le chiffre d’affaires s’établit à 3,5 milliards d’euros et peut être extrapolé à environ 5 milliards si l’on y ajoute les échafaudages, compresseurs ou autres grues à tour non référencés par le syndicat. Il ne s’est jamais vendu autant de mini-pelles : 8 600 en 2005 contre 2 500 dix ans plus tôt. Et le mouvement pourrait continuer : « Nous devrions atteindre la barre des 10 000 mini-pelles vendues dans trois ans », indique Alain Rosaz, président du Seimat, car les machines compactes intéressent aussi paysagistes, services techniques...

Le dynamisme du bâtiment – qui bat des records de mises en chantier – et l’intensité des travaux urbains soutiennent les ventes de matériels.

Depuis la fin des travaux de la LGV Est, les terrassiers s’impatientaient de pouvoir démarrer un nouveau grand projet sur lequel affecter le matériel. Faute d’activité soutenue, les parcs ne sont pas complétés, certaines machines amorties font baisser les frais fixes d’exploitation. Traduction en chiffres : les ventes de tombereaux articulés ont chuté de 12 % en 2005. Mais la tendance semble s’inverser avec le démarrage prochain des sections d’autoroutes A 41 (Saint-Julien-en-Genevois/Villy-le-Pelloux) et A 19 (Artenay-Courtenay) et de la LGV Rhin-Rhône. C’est en tout cas le sentiment de Pascal Guillemain, directeur général de Bergerat Monnoyeur, qui constate un redémarrage des investissements dans les grosses machines.

Les loueurs – qui représentent environ 20 % des achats de machines neuves – bénéficient à plein de la bonne santé du BTP. Le DLR (fédération nationale des loueurs et réparateurs de matériels de BTP et manutention) évalue son activité à presque 2,95 milliards d’euros, en hausse de 6,5 % par rapport à 2004. La reprise des investissements s’accompagne de l’augmentation de la valeur du parc ( 7 %) dont l’âge moyen reste stable à quatre ans et deux mois. A l’image de la profession, Xavier Du Boÿs, président du directoire de Kiloutou, est confiant : « Nous allons poursuivre notre développement en maillant plus finement le territoire et en rajeunissant notre parc. »

Chine et Inde : toujours eldorados ? Le marché français n’est pas une exception. Au niveau mondial, les matériels de BTP se vendent bien. C’est vrai pour les constructeurs spécialisés. C’est vrai aussi pour les constructeurs « full liner » (toutes gammes de matériel au catalogue). Il n’est qu’à regarder les résultats du numéro un mondial, le géant américain Caterpillar. Quelle que soit la zone – Asie, Amérique, Europe – la croissance est là : 30,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2005. La barre des 40 milliards de dollars (33,6 milliards d’euros) devrait être franchie dès 2006 et celle des 50 milliards de dollars (42 milliards d’euros) à l’horizon 2010.

En écho à la bonne santé du secteur, Intermat 2006 recevra dix pavillons nationaux parmi lesquels la République thèque, l’Inde et la Chine. Trois zones – si l’on élargit la République thèque à l’Europe centrale et la Russie – où les constructeurs entrevoient encore de belles perspectives. En 2005, l’Inde s’est imposée comme un marché majeur. Le constructeur britannique JCB y a vendu 7 000 machines en une année, soit une hausse de 40 %. Les Suédois d’Atlas Copco comptent investir 4,7 millions d’euros dans l’agrandissement de leur usine indienne pour répondre à la demande intérieure. Le japonais Komatsu, numéro deux mondial, devrait inaugurer une seconde usine dans le pays pour y produire des matériels miniers.

En Chine, après un boom spectaculaire en 2003, les ventes de matériels ont ralenti en 2004 et se sont stabilisées en 2005. Reste que les volumes de vente font toujours rêver les constructeurs. La Chine est devenue en très peu de temps le troisième marché mondial. Par exemple, le besoin en chargeuses sur pneus est énorme (91 000 en 2004), couvert en grande partie par des machines de production locale, rustique et bon marché. Pour Michael J. Baunton, vice-président de Caterpillar : « Ces machines peu évoluées, évolueront bientôt vers des machines plus sophistiquées et des gammes plus larges. »

Cocorico ! Les constructeurs français sont bien décidés à ne pas laisser passer leur chance. Manitou, s’appuyant sur le rachat du fabricant chinois de chariots à mât, Hangzhou Irisman, compte accélérer ses ventes sur le marché chinois. Frédéric Martin, directeur général en charge des opérations pense assister en 2006 au décollage de ses installations commerciales en Inde, en Australie et en Russie. De son côté, le groupe Haulotte est bien décidé à déployer ses nacelles partout dans le monde. Leader européen et numéro trois mondial du secteur, le groupe va ouvrir sa première agence en Chine et compte développer son activité en Europe de l’Est, notamment en Pologne. Notons encore le groupe Fayat qui, en achetant Bomag, a fait passer son activité matériels de chantier de 200 à 630 millions d’euros. Par ce rachat, le « full-liner de la route » dispose de quatre unités de production supplémentaires dont une en Chine.

D’après les analystes, la Chine restera un marché porteur jusqu’aux JO de 2008, voire 2010, année de l’exposition universelle. Si leur marché intérieur absorbe la quasi-totalité de leur production, les industriels chinois veulent aussi exporter. Il suffira, pour s’en convaincre, d’aller à Intermat où 4 500 m2 leur sont réservés. Des réseaux d’importation en Europe se structurent. C’est le cas par exemple de Lingong Europe qui va proposer dans tous les pays de l’Union européenne des chargeuses sur pneus, des pelles sur chenilles et des compacteurs. La concurrence ? Elle observe le mouvement, dubitative. Entre inquiétude et sérénité.

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Matériels200420052005/2004
Tracteurs chenilles187170-9%
Chargeuses chenilles110100-9%
Chargeuses pneus2271270019%
Pelles chenilles2826345022%
Pelles pneus1516185022%
Tombereaux articulés358315-12%
Tombereaux rigides495512%
Niveleuses164115-30%
Chargeuses pelleteuses26962600-4%
Minipelles7614860013%
Rouleaux à guidage manuel110011000%
Rouleaux autoportés1600195022%
Chargeuses compactes1294155020%
Chariots téléscopiques660071308%
Nacelles2680390046%
Finisseurs152150-1%
Grues mobiles2052102%
Bétonnières portées72585017%
TOTAL321473679514%
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