Action Logement veut en finir avec « l’argent qui dort »

Pour leur première communication officielle depuis la crise de gouvernance qui les secoue, les partenaires sociaux d’Action Logement Groupe ont joué le collectif apaisé, affichant l’unité pour présenter des comptes consolidés « solides ». Un bilan de 83,4 Md€, un endettement de 35 Md€ pour des fonds propres de 33 Md€, une trésorerie de 8,3 Md€… Les résultats présentés ce lundi 8 juillet 2019 témoignent d’une « gestion rigoureuse », mais aussi de ce « qu’une partie [des] réserves n’est pas suffisamment utilisée », concèdent-ils. D’où la présentation du Plan d’investissement volontaire de 9 Md€.

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Bruno Arcadipane, président d'Action Logement Groupe

Pour la première fois depuis sa réforme, le groupe Action logement publie le 8 juillet 2019 ses comptes annuels consolidés. Un « exercice inédit » réalisé sur un périmètre de 118 structures (1) dans une « volonté de transparence », qui fait état d’un bilan de 83,4 M€ au 31 décembre 2018. « C’est la preuve que le groupe est solide » et la conséquence d’une « gestion rigoureuse », se félicite son président Bruno Arcadipane.

Mais c’est aussi la révélation officielle « qu’une partie [des] réserves n’est pas suffisamment utilisée », consent à ses côtés le directeur général du groupe, Bruno Arbouet. De fait, avec 8,3 milliards d’euros de trésorerie brute disponible, dont près de 4 Md€ sur les comptes d’Action Logement services, les résultats présentés ce jour dévoilent des ressources propres dont peu de groupes peuvent se prévaloir.

D’où la volonté, affichée dès janvier 2019 par les partenaires sociaux, d’engager un plan d’investissement massif en faveur du logement des salariés, de 9 Md€, en sus des 15 Md€ prévus par la convention quinquennale 2018-2022. Une enveloppe qui repose sur la mobilisation de 3 Md€ de fonds propres d’ALS, et sur le recours aux emprunts obligataires à hauteur de 6 Md€.

Car outre cette trésorerie de 8,3 Md€, le groupe affiche un niveau d’endettement très faible, avec 35 Md€ d’emprunts bancaires au regard de 33 Md€ de capitaux propres : un ratio de 83 %, nettement supérieur au seuil de 10,5 % au-dessus duquel les emprunts sur les marchés obligataires sont autorisés, explique Bruno Arbouet. « Nous devons utiliser au mieux l’effet de levier que nous permet ce faible endettement », justifie donc le directeur général, en guise de réponse à ceux qui l’interrogent sur l’appétence de Bercy vis-à-vis de cette manne financière. La mise en œuvre du plan d’investissement volontaire « dès le mois de septembre », engendrera en conséquence un recul de cette trésorerie dès 2019, tout en restant « hors zone de risque » : le ratio d’endettement sera « abaissé à 33,5 % », chiffre encore Bruno Arbouet. Et de résumer : « C’est la fin de l’argent qui dort. »

Pour lancer ces emprunts obligataires, Action logement s’est lancé dans un processus de notation financière, auprès des trois principales agences dédiées (Moody’s, Standard & Poor's et Fitch Ratings). Celles-ci devraient rendre leurs copies « d’ici la mi-juillet », de sorte qu’ALS pourrait lever ses premières obligations « d’ici la fin de l’année ».

« Il faut tirer un trait sur cet épisode »

En la matière, les partenaires sociaux se disent confiants ce 8 juillet 2019, et ne craignent pas de voir la récente crise de gouvernance ternir les notes attendues. Une crise peu commentée ce jour par ses protagonistes, qui expliquent leur silence au plus fort de la polémique par leur "respect du calendrier des instances".

La succession de Bruno Arbouet, qui sera atteint par la limite d’âge de 65 ans prévue par les statuts le 13 mars 2021, n’a finalement été que peu évoquée. Un temps promise à Koumaran Pajaniradja, directeur d’Action Logement Immobilier, elle n'a pas l'aval de l’exécutif à ce stade : compte tenu des précédentes fonctions en cabinet ministériel de Koumaran Pajaniradja, les commissaires au gouvernement suspendent cette nomination à la saisine de la commission de déontologie de la fonction publique.

Si Bruno Arcadipane regrette à mi-mot le manque de « respect » et de « confiance » de l’État, l’actuel directeur général explique pour sa part avoir été reconduit par les partenaires sociaux « pour sécuriser la période de transition » qui suit la mise en œuvre de la réforme, à l’élaboration de laquelle il a lui-même participé. « Ce sont des décisions paritaires » souligne à ses côtés le vice-président FO Jean-Baptiste Dolci, ne cachant pas l’agacement qui l’a saisi en lisant dans la presse que le Medef était à l’origine de ces mouvements. « Nous souhaitons préparer très en amont cette succession », ajoute encore Bruno Arcadipane.

Quant à la succession de Jean-Luc Guitard, directeur général démissionnaire d’ALS, pour laquelle est pressenti son directeur financier Olivier Rico — présent ce lundi —, elle devrait ainsi être tranchée mercredi 10 juillet en conseil d’administration. Seule réaction à ce sujet, de la part de Bruno Arcadipane questionné sur les difficultés d’ALS à fournir l’ensemble des services aux entreprises : « On prend des décisions fortes pour faire en sorte que cela fonctionne. » Pour le président du mouvement paritaire, qui se défend de toute dissension avec son directeur général, il faut désormais « tirer un trait sur cet épisode ».

« Il y a encore des progrès à faire »

Reste que cette présentation des comptes consolidés s’apparente à la première pierre de la constitution d’un « véritable groupe », selon les termes employés par ALG au sortir de son conseil d’administration du 27 juin dernier. Le projet est-il à terme de créer un groupe unique ? « La réponse est clairement oui », assure Bruno Arbouet, pour qui, « sur le renforcement de la cohésion du groupe, il y a encore des progrès en faire ». « En ce sens, la présentation des comptes consolidés est un acte décisif. »

(1) ALG, l'AFL, l'Apagl, ALI et ses 110 filiales (dont 58 ESH), ALS et ses quatre filiales (Ma nouvelle vie, Projimmo Conseil, Astria Foncier, et Solendi Expansion), qui représentent 98% de ses activités.

LE BILAN 2018 D’ACTION LOGEMENT

Le bilan consolidé présenté ce lundi par Action logement :

Les actifs :
55,2 Md€ nets de valeurs d’immeubles
10,7 Md€ de prêts (4,1 Md€ aux personnes physiques ; 6,6 Md€ aux personnes morales)
8,3 M€ de trésorerie (dont 7,7 M€ de trésorerie nette)
Les passifs :
33 Md€ de capitaux propres totaux
5,3 Md€ de subventions d’investissement
35 Md€ d’emprunts bancaires (dont 26,4 Md€ d’emprunts CDC)

Le groupe affiche par ailleurs un résultat net d’1,145 milliards d’euros, dont 650 M€ pour ALI et 450 M€ pour ALS. En particulier, les plus-values de vente HLM ont représenté 271 M€ en 2018. 4 729 logements ont été vendus par les filiales d’ALI, soit 0,47 % du parc global.

En termes d’activité, le pôle services a délivré 551 903 aides et services l’an passé, dont :
24 893 prêts accession ou travaux
89 419 aides et services
320 614 aides en faveur de la sécurisation locative
20 076 aides et services accordés à des salariés en difficulté
96 901 logements attribués (dont 35,3 % au moins de 30 ans)
Enfin, du côté du pôle immobilier, les filiales du groupe affichent à fin 2018 :
998 651 logements sociaux et intermédiaires
36 527 agréments obtenus
27 559 logements mis en chantier
22 022 logements livrés

"Je ne pense pas que nous soyons au taquet sur la production", commente ce 8 juillet 2019 Bruno Arcadipane. De fait, le groupe se fixe comme objectif de livrer 36 000 logements en 2021, et 44 000 à horizon 2023.

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