Constat : Une mauvaise compréhension des besoins
Inauguré en décembre 1982, le Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte (93) est un ensemble de bâtiments destiné à accueillir des salons professionnels sur 115 hectares. L’accès aux transports publics-parc se fait par de grandes marches dotées de quelques plans inclinés, très mal signalés (photo?A).
Le Hall?6 est particulièrement inutilisable pour les personnes encombrées de colis ou ayant des difficultés à monter les escaliers. Les rampes, parfois mises en place, sont de véritables toboggans (photo?B). En outre, la signalétique est absente ou inadaptée et le personnel ne semble être informé de la personne à prévenir dans le cas d’un besoin d’utiliser ces rampes. On attendait mieux de la part du maître d’ouvrage de cet ensemble de bâtiments contemporains, où l’espace ne manque pas et qui est, en principe, destiné à accueillir un public varié et exigeant.
Constat : Un espace risqué pour malvoyants
Conduits en 2012/2013, les travaux d’accessibilité du Fort Saint-Jean et de ses jardins qui communiquent avec le Mucem de Marseille?(13) ont coûté 5?M€. Une prouesse en ce qui concerne l’installation de plusieurs ascenseurs permettant de desservir les différents niveaux, souvent doublés de plans inclinés pour éviter les escaliers. La signalétique est bonne.
En revanche, l’accessibilité aux malvoyants semble avoir été négligée, particulièrement au niveau des grands plans inclinés qui courent transversalement sur les grandes marches débouchant vers la passerelle du Mucem. Ici, pas de bandes d’éveil à la vigilance, les premières marches ne sont pas contrastées et l’on ne trouve pas de bordures de sécurité sur le plan incliné.
Constat : Une étude d’accessibilité insuffisante
Le Musée Granet d’Aix-en-Provence (13) a rouvert ses portes en 2006 après d’importants travaux de rénovation (26 M€) financés par le ministère de la Culture, la région Paca et le département des Bouches-du-Rhône. La signalétique est particulièrement absente et l’escalier de l’accès principal, doté de rampes inadaptées, sans marches contrastées, ni bandes d’éveil, rebute plus d’un visiteur âgé ou malvoyant. Ici, l’installation d’un EPMR (élévateur pour personnes à mobilité réduite), voire d’une passerelle, aurait été utile et n’aurait sans doute pas nuit à l’esthétique des panneaux publicitaires annonçant les expositions, installés à gauche (photo A).
Pour éviter l’obstacle de l’accès principal, il est nécessaire de demander au personnel (à l’intérieur), où se trouve l’accueil réservé aux handicapés. Car celui-ci se trouve à l’arrière du bâtiment qu’il faut contourner sur près 200 mètres. Et là, dans une rue étroite, il n’y a aucune possibilité de stationnement, ni d’emplacement réservé aux personnes à mobilité réduite (photo B).
Constat : Des accès inadaptés et mal signalisés?
Construite au début du XXe?siècle, au sommet du Cap Ferrat (06), la Villa Éphrussi de Rothschild et ses somptueux jardins – joyau architectural de la Côte d’Azur – accueillent 60 000 visiteurs par an. Sur la page "Accès" du site Internet de la villa, il n’existe aucune indication dédiée à l’accessibilité des handicapés. Au rez-de-chaussée, l’accueil des personnes à mobilité réduite est mal indiqué. En effet, il faut être accompagné d’un valide qui demandera l’installation de rampes amovibles disponibles à l’accueil (en haut des marches).
À l’intérieur, l’ascenseur est désaffecté. Il n’a pas été remplacé à ce jour, l’accès à la trémie se fait par les portes situées à gauche. Actuellement, seul un grand escalier donne accès à l’étage. À l’extérieur, des rampes d’accès aux jardins, en acier galvanisé clouté, ont été ajoutées. Très pentues et étroites, elles s’avèrent dangereuses à l’usage par des personnes à mobilité réduite.
Une Cité de la mode et du design pauvre en signalétique
Constat : Mauvaise signalétique et accessibilité compliquée
La Cité de la mode et du design a ouvert en 2012. Pour 40 M€, cet ancien entrepôt du port autonome situé quai d’Austerlitz, à Paris (XIIIe) a été entièrement rénové et transformé en lieu de promenade et d’exposition. Si le bâtiment comporte de nombreux escaliers?– un EPMR extérieur et un long plan incliné facilitent l’accès à la plate-forme principale –, aucune signalétique pertinente n’indique où les trouver.
Pour accéder aux étages supérieurs et à la terrasse panoramique (avec restaurants), les concepteurs ont doté la structure de grands escaliers intérieurs et extérieurs donnant sur la Seine. Une belle balade réservée aux grimpeurs de marches... Les autres devront, à nouveau chercher la signalétique pour accéder aux étages supérieurs. Une fois les ascenseurs trouvés, il faut ensuite demander aux vigiles d’appeler un accompagnateur, qui seul, possède les clés d’accès. Ici encore, aucune signalétique ne l’indique aux visiteurs.
Les pavés disjoints du Musée Maillol
Constat : Un sol irrégulier
Pas facile d’adapter un hôtel particulier édifié au xviiie?siècle comme celui qui accueille le musée Maillol, à Paris (VIIe). À l’intérieur, l’ascenseur adapté aux fauteuils est accessible avec l’aide d’un agent d’accompagnement, de même que pour certaines salles reliées par des rampes d’accès mobiles. L’accès à la billetterie, située au rez-de-chaussée, est doté d’un plan incliné. Mais, compte tenu des pavés disjoints, il est difficile de faire rouler des fauteuils dans la cour. Un "oubli" qui devrait être corrigé rapidement.
Un facheux petit plan incliné
Constat : Un espace de manœuvre trop réduit
Ce magasin d’optique de la rue d’Italie, à Aix-en-Provence (13) a manifestement réalisé de gros travaux pour accueillir les personnes à mobilité réduite. Le seuil de plain-pied et le plan incliné intérieur (pentu mais bien pensé) sont réalisés avec soin. Seul bémol?: pour sortir, une personne en chaise roulante doit reculer sur le plan incliné pour tirer la lourde porte. L’installation d’un mécanisme motorisé muni d’un bouton-poussoir aurait permis d’éviter le problème.
Les bandes d'éveil à la vigilance dégradées de la Gare de Lyon
Constat : Un équipement non entretenu
Depuis plusieurs années, tous les quais accessibles au public de la gare de Lyon (Paris) sont dotés de bandes d’éveil à la vigilance (BEV) destinées à prévenir les personnes malvoyantes du danger. Ces bandes en plastique collées à même le sol se dégradent rapidement. Beaucoup sont déjà parties. Le service de maintenance de la gare n’a manifestement pas prévu ce type d’intervention.
Le luxueux ascenseur de la Gare de cannes
Constat : Un équipement coûteux, non signalé
Pour éviter huit marches, le nouveau parking de la gare de Cannes (06) s’est luxueusement doté d’un ascenseur extérieur. Même si les marches sont de couleur contrastées, il n’existe aucune indication pour les malvoyants. Au regard du coût, du risque de panne d’un tel équipement et de l’espace utilisable, le concepteur n’aurait-il pas dû préférer la réalisation d’une rampe inclinée, bien plus pratique et pérenne??
Cet article est extrait du dossier "Accessibilité : la difficile adaptation des ERP à la réglementation" des Cahiers techniques du bâtiment n° 333 (mai 2014). Vous pouvez commander le magazine en cliquant ici.
