Assoupi en ce lundi de fermeture hebdomadaire, Versailles n’attendait qu’eux. Le 17 juillet, 2500 enfants franciliens n’ayant pas la possibilité de beaucoup partir en vacances profitent d’une visite particulière du domaine situé dans les Yvelines, depuis ses grandioses galeries jusqu’aux bosquets de son parc.
A 9h30 précises, les jeunes visiteurs s’égaillent dans la cour royale, dans la plus grande excitation. Les cris fusent : «On est riches ! On est dans un château !» Le début d’une journée pas comme les autres, donc, pour ces enfants âgés de 6 à 13 ans issus d’une cinquantaine de communes de la grande couronne et ce grâce au partenariat établi depuis huit ans entre l’établissement public et Emerige.
Au total, ils seront 5000 à bénéficier de ce dispositif au cours de l’été et, depuis 2016, pas moins de 30 000 enfants ont foulé les allées versaillaises grâce à cette opération de Mécénat. «Cette opération vise à rendre l’art accessible au plus grand nombre, et surtout à ceux qui en sont le plus éloignés, explique Arthur Toscan du Plantier, directeur en charge notamment du mécénat et de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) du groupe de promotion immobilière. Cette journée permet de transmettre aux participants un bout de l’histoire de France de manière ludique.»
Une aventure princière
Dans la cour, l’heure du départ a sonné, direction les appartements du roi et de la reine. Tout commence dans le salon d’Hercule, où une animatrice entame l’histoire qui va servir de fil rouge à toute la visite, et qui concerne un mystérieux Gobelet d’or : elle raconte la colère du tout jeune Louis XIV. Des fées lui auraient fait don de différentes vertus, telles que la sagesse ou la justice, cependant lui manquait la principale : la tempérance. Les questions sont immédiates : «C’est quoi, la tempérance ?» Et d’apprendre que c’est là ce qu’on leur demande souvent, savoir respecter la discipline.
Dans le salon suivant, les enfants en apprennent un peu plus sur la personnalité un tantinet capricieuse de ce roi qui dut sans doute son surnom de «Soleil» à l’or dont il a recouvert les pièces de son palais et qui exigeait du jus de petits pois à la place du jus d’orange. Cette anecdote ne manque pas de provoquer l’insurrection des enfants : «Du petit pois ? Hein ? Beurk !»
Galopant de pièce en pièce, les jeunes âmes découvrent ainsi la suite de l’histoire et insufflent la vie dans les décors silencieux. Anne et Marilène, deux autres animatrices, expliquent avec le sourire : «Pour nous qui sommes comédiennes, c’est un plaisir de participer à cet événement. Raconter des histoires fait partie de notre métier et c’est super pour les enfants.»
La salle du sacre
Passage obligé, la visite de la galerie des Glaces est l’occasion de nommer deux participants «teneur de gobelet officiel» et «élève du gobelet», les propulsant ainsi «serviteurs du roi» pour quelques instants et ce, avant l’acte final de l’aventure qui se déroule dans la salle du sacre de Napoléon. C’est là que choisit d’apparaître le fameux Roi-Soleil. A son arrivée, le silence s’installe. Les enfants s’inclinent et exécutent en vacillant un peu la révérence qu’ils viennent d’apprendre à faire. Les deux responsables officiels du gobelet donnent au comédien tenant le rôle principal cette coupe contenant une potion magique qui fait retrouver le sourire à ce triste sire… Sur cette morale de l’histoire s’achève une visite qui semble avoir conquis son auditoire.
Les animateurs comme les enfants ressortent ravis. Anne-Claire, 11 ans, explique : «je n’avais jamais visité l’intérieur du château. C’était trop bien de le voir, surtout de cette façon-là.» Une plus petite fille rêve tout haut : «si c’était ma maison, je ferais construire une salle de danse !»