Vingt-sept kilomètres de long dont 80 % en souterrain, 21 stations et 200 000 voyageurs quotidiens pour un budget de 2,62 milliards d’euros. Voilà en quelques chiffres les promesses de la future 3e ligne de métro toulousain, dont la mise en service est prévue en 2028.
Mais alors que les travaux de génie civil devraient débuter fin 2022 et que l’enquête publique préalable, concernant les autorisations environnementales, vient de s’achever, plusieurs collectifs (Infos Actions 3e ligne, Les Faiseurs de Ville) alertent sur les effets très polluants de l’ouvrage. Beaucoup plus en tout cas que ce que ne le laisse entendre le maître d’ouvrage Tisséo Collectivités.
« Nous nous sommes posés la question : combien de carbone émet la construction une ligne de métro ? Pour y répondre, nous nous sommes basés sur le guide méthodologique de Carboptimum, le cabinet indépendant qui a servi de référence pour les travaux du métro du Grand Paris Express », raconte Raphaël André, cofondateur du collectif Les Faiseurs de Ville. « Nous avons comparé ces données avec les résultats publiés par Tisséo dans son enquête publique et, assez vite, nous avons relevé des erreurs qui nous laissent penser que le maître d’ouvrage se base sur des documents insincères. Nous demandons des explications », détaille-t-il.
La pollution engendrée par les tunneliers largement sous-estimée
Dans sa contribution à l’enquête publique, le collectif pointe notamment des erreurs dans le calcul de l’empreinte carbone et des émissions à gaz à effet de serre, dues en particulier au creusement des tunnels. « Dans son analyse, Tisséo prend en compte l’armature des tunnels et calcule donc les émissions de gaz à effet de serre dues au béton armé des voussoirs et du radier ; mais ne compte pas le mortier de bourrage, c’est à dire la couche de béton que l’on met entre la terre et le tunnel, ni l’impact du béton utilisé pour les équipements des voies et des tunnels : les traverses, les rails, les câbles, les rames de métro » égrène Raphaël André.
De même, la consommation d’énergie des engins de chantiers n’a pas été évaluée, pointe encore le collectif, qui calcule, en considérant ces aspects, que le chantier pourrait émettre plus de 400 000 tonnes équivalents CO2 (tCO2eq), quand Tisséo n’en annonce que 200 000.
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Info Actions 3e ligne, qui a également déposé une contribution à l’enquête publique, partage les mêmes analyses que Les Faiseurs de Ville et s’interroge sur le caractère non indépendant de l’analyse faite par Tisséo.
Les conclusions du commissaire enquêteur seraient attendues pour fin février, « nous lui avons signalé ces erreurs et il y voit en effet des points importants, pour lesquels il va nous répondre », indique Raphaël André qui qualifie ce bilan de trompeur.
De son côté, Tisséo Collectivités, sollicité sur le sujet, n’a pas souhaité réagir.