Cette démolition-reconstruction ne passera pas inaperçue, ni par son ampleur, ni par son emplacement. A côté de la gare de Strasbourg (Bas-Rhin), le Crédit agricole Alsace Vosges s’engage dans la déconstruction de 11 000 m2 SP de son siège pour le rebâtir sur le même emplacement, sur un total de 14 000 m2 et pour un investissement tout compris qu’il chiffre entre 60 et 65 millions d’euros. L’option d’une restructuration avait d’abord été privilégiée. « Mais elle n’aurait pas résolu la volonté d’optimisation des espaces qui est à l’origine de l’opération », souligne Jean-Robert Spillemaecker, directeur de projet chez Crédit agricole Immobilier, la structure nationale qui assure la maîtrise d’ouvrage déléguée pour le compte de la caisse régionale.
« Ce projet est plus qu’immobilier, il incarne une transformation d’entreprise autour de quatre piliers : avoir un site vitrine pour les 350 collaborateurs et les clients ; améliorer la communication en interne ; créer un espace modulaire et évolutif ; l’écoresponsabilité », expose Pascal Maire, directeur de l’immobilier du Crédit agricole Alsace Vosges.
L’alternative à une réhabilitation lourde qui a été retenue donnera l’occasion à la banque d’un chantier pilote en matière de réemploi. L’intégralité du mobilier sera soit réutilisé sur place soit donné à des associations et « 98 % du volume démoli, soit 18 000 tonnes sera recyclé ou réemployé », poursuit Pascal Maire.
Confiée à l’entreprise Lingenheld, la démolition doit débuter en octobre prochain pour laisser la place, en septembre 2023, à un chantier de construction d’une durée prévisionnelle de deux ans, dont le permis a été déposé en juin dernier. Le Crédit agricole Alsace Vosges doit trancher dans les prochaines semaines entre un montage en entreprise générale ou en lots multiples.
Façade en pierre en écho à la Neustadt
Les nouvelles surfaces, formant un grand ensemble de quatre à six étages, seront érigées en structure mixte béton-bois, ce dernier étant choisi pour la confection des poteaux et celle des planchers en lamellé-croisé. La façade, quant à elle, se parera d’une pierre contrecollée sur un panneau d’aluminium, un choix de l’agence Denu & Pardon, lauréat du concours d’architecture – en association avec les bureaux d’études OTE Ingénierie et Otelio. « Nous avons cherché à insérer au mieux le nouvel ensemble dans son environnement marqué par l’architecture allemande de la période Neustadt (1870-1918) dont le bâtiment de la gare constitue un phare », expose l’architecte Christian Paradon. Fidèle à sa signature, l’agence apporte un équilibre en « créant un front urbain, le long du boulevard de Metz », sans s’imposer avec excès, pour « respecter l’héritage architectural » du lieu.
Conservation de la façade d’une ancienne ferme
Cette dimension a été appuyée par une recommandation de l’architecte des bâtiments de France venant créer une exception de l’ordre de 300 m2 à la règle de la déconstruction : conserver la façade d’un bâtiment annexe du siège, situé à l’angle des rues Déserte et de la Petite-Course, ancienne ferme du début du XXe siècle, ainsi que sa cour.
L’intérieur du nouveau siège obéira aux préceptes bien répandus d’une « agora lumineuse », donnant une large part au bois dans ses aménagements, d’une « rue traversante » de distribution des flux et d’une « modularité » sur la base d’une trame d’1,35 mètre, expose Christian Paradon. La banque régionale souhaite également en faire une vitrine des performances énergétiques et environnementales du bâti, que doivent incarner le recours aux énergies renouvelables (géothermie et photovoltaïque) et les trois labellisations visées : Passivhaus, Breeam niveau Excellent et BBCA (bâtiment bas carbone).
