A Strasbourg, le Cardo tourne la page d’un chantier à péripéties

Nouveau nom et fin du tunnel : le pôle d’administration publique et propriété intellectuelle « PAPS-PCPI » devient le Cardo et achève ses travaux dont la durée aura doublé depuis leur démarrage en 2013.

Réservé aux abonnés
Le Cardo à Strasbourg.
Une porte de couleur écarlate marquera l’entrée du bâtiment qui entrera en activité en septembre.

Ne l’appelez plus PAPS-PCPI, mais Cardo. Le bâtiment qui accueillera en septembre prochain, à Strasbourg (Bas-Rhin), un double pôle de formation et de recherche en administration publique (AP) et en propriété intellectuelle (PI) abandonne son nom à profusion de sigles. Sa nouvelle dénomination, plus aisément appropriable, résulte pour autant d’une phosphoration pas spontanément accessible au commun des mortels : le cardo désignait l’axe nord-sud dans les nouveaux camps romains. Or dans le cas présent, cette orientation est celle d’une ancienne route exhumée lors des fouilles et elle permet de relier la nouvelle construction au centre-ville à partir de l’enceinte de l’hôpital civil, dans laquelle elle prend place.

Changer de nom, c’est aussi, voire surtout, l’opportunité de tourner la page d’un chantier agité. Il a été marqué parce que le maire de Strasbourg n’a pas hésité à qualifier de « catastrophe », lors de la visite de jeudi après-midi : en 2014, un après le début des travaux, des erreurs de calcul du bureau d’études structure RFR ont été découvertes et des fissures sont apparues dans le béton au niveau de structures porteuses. Ce qui a déclenché moult expertises, obligé à reprendre les questions de stabilité et de respect des normes antisismiques, renchéri de 16, 5 millions d’euros le coût (la prise en charge a été répartie entre l’Etat, l’Eurométropole de Strasbourg — maître d’ouvrage —, la région Grand Est et l’Institut national de la propriété industrielle, cofinanceurs du projet initial avec le département du Bas-Rhin) pour porter la facture finale à 68,6 millions d’euros (toujours en TTC). Au total, ces lourdes péripéties ont fait prendre trois ans de retard.

Image d'illustration de l'article
Devant des façades de couleur foncées, de nombreuses surfaces en verre procurent éclaireront les espaces intérieurs. Devant des façades de couleur foncées, de nombreuses surfaces en verre procurent éclaireront les espaces intérieurs.

« Rue universitaire »

Dès lors, c’est dix ans après le concours qui l’a désignée que l’agence Lipsky-Rollet Architectes voit son œuvre parvenir à son terme. Elle en a conservé les principes directeurs tout en s’adaptant à une décennie d’évolutions techniques et réglementaires. Le désormais Cardo s’organise autour d’une « rue universitaire d’est en ouest qui distribue les espaces, facilite les échanges entre les 2 200 utilisateurs du site et assure son dialogue avec son environnement immédiat », décrit Florence Lipsky. Une porte de couleur écarlate procurera une entrée bien visible et d’esthétique plus contemporaine au milieu des bâtiments anciens de l’hôpital. Dans les bureaux, les faux plafonds cumuleront des fonctions de protection acoustique et de gestion de la luminosité et les usagers pourront y actionner un système de ventilation naturelle intensifiée s’ils le souhaitent. Une toile tissée tendue de près de 300 m2 fait écran aux rayons du soleil. A l’intérieur, l’agence d’architecture a également misé sur la sérigraphie pour les protections visuelles et solaires. « Elle s’applique sur le vitrage, comme alternative aux traditionnels stores, en procurant l’équilibre entre transparence et préservation d’espaces individuels », décrit Florence Lipsky. Le travail sur la volumétrie a été conséquent, afin de placer dans les 14 000 m2 pas moins de huit amphithéâtres de 80 à 300 places unitaires, 26 salles de cours (15 à 50 places) et une bibliothèque de 1 500 m2.

Les intervenants

Maîtrise d’œuvre : Lipsky-Rollet Architectes, Euro Concept Ingénierie* (structure), Nicolas Ingénierie (fluides), Bureau Michel Forgue (économiste), Eléments Ingénieries (HQE), Thermibel (acousticien), C2BI (OPC).
Principales entreprises : Urban-Dumez et Freyssinnet** (réparation et renforcement du gros œuvre), Bluntzer (bardage, façades rideaux), Hefi (verrière), Smac (toiture), Clestra (cloisons modulaires), Stam Acoustique (faux plafonds), Trau (plomberie), Sovec (électricité), Sanichauf (CVC).

* Succédant à RFR, en liquidation judiciaire
** Succédant à Bilfinger+Berger, dont le marché de gros œuvre a été résilié

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !