A Paris, la rénovation de logements HBM est l'occasion de recycler toutes les fenêtres

Rue des Reculettes, dans le 13e arrondissement parisien, un vaste chantier de rénovation thermique de logements HBM (Habitations à bon marché) des années 1920 prend corps.

L’opération de la résidence Croulebarbe Reculettes, lancée depuis la fin d’année 2021 par Paris Habitat, est, pour Jacques Baudrier, adjoint à la maire de Paris chargé de la construction publique, du suivi des chantiers, de la coordination des travaux sur l’espace public et de la transition écologique du bâti, « un chantier emblématique et représentatif des rénovations que mène la capitale sur son parc social ».

Sous leurs parements de briques rouges, les quatre immeubles en R+6 sont en train d’être rénovés par l’entreprise générale GCC, en tiroir, jusqu’en 2025. Point saillant de l’opération, ils sont l’occasion pour la ville de Paris de mettre à exécution un tout nouveau partenariat signé ce 11 juillet 2023 avec ses trois bailleurs sociaux (Elogie-Siemp, Paris Habitat et RIVP) et le géant Saint-Gobain, pour le recyclage des matériaux comme le verre plat issus de la déconstruction dans les projets de rénovations des bâtiments.

300 fenêtres déposées

Ici, ce sont 770 fenêtres qui doivent être déposées par l’intérieur sur l’ensemble de l’opération, dont près de 300 fenêtres pour la première phase de travaux, qui compte 146 logements.

Une fois déposés, les éléments sont entreposés dans leur intégrité sur des palettes, pour être ensuite acheminés dans les ateliers d’Ares, l’entreprise de réinsertion sociale en charge du démantèlement, à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne). « Là-bas, huit emplois qui ont été créés pour démonter les fenêtres puis casser le verre afin de l’acheminer à l’usine d’Aniche (Nord) de Saint-Gobain, afin de réintégrer le calcin dans le circuit de production », illustre Nagui Djaber, chargé de projet économie circulaire chez Ares.

Les autres matériaux, en l’occurrence le PVC et le métal des fenêtres remplacées dans les années 90, et le bois des menuiseries d’origine, rejoignent d’autres filières. Les premiers sont envoyés chez Suez, les seconds chez Derichebourg, opérateur de collecte et de recyclage des déchets, et le bois est réutilisé dans l’atelier de menuiserie d'Ares pour devenir du mobilier.

Doubles vitrages et menuiseries bois

En lieu et place, les bâtiments de la résidence recevront des fenêtres double vitrage dotées de menuiseries bois, d’un coefficient de transmission thermique Uw de 1,4 W/m².K. Outre la rénovation des occultations existantes, les équipes ajouteront des stores comme protections solaires. « En complément, pour améliorer les performances thermiques été comme hiver, l’isolation est renforcée par l’intérieur. Les logements majoritairement des T1 et T2, voir des T3, sont restructurés avec le remplacement des salles d’eau, des chaudières individuelles gaz et la révision de la ventilation »,  ajoute Laurence Wacquez, directrice maîtrise d'ouvrage pour le bailleur. Dans un objectif de valorisation du patrimoine et de réemploi, la réfection des parquets et tommettes anciens est aussi prévue.

50 % de gains énergétiques

L’étiquette énergétique affichera désormais 138 kWh ep/m² shon.an contre 277 kWh ep/m² shon.an avant travaux, ce qui lui vaut le passage de E à C pour l’énergie et de F à D pour les émissions de CO2. La première phase sera livrée en septembre, et l’ensemble de l’ilot réceptionné en 2025, pour un montant qui s’élève à 11,9 millions d’euros TDC, soit 81 500 euros/logement.

Une opération loin d’être isolée, puisque Laurence Wacquez assure qu’entre 2013 et 2030, Paris Habitat aura engagé la réhabilitation de  27 000 logements HBM sur un parc de 37 000.