A Moissy-Cramayel, un entrepôt teste le stockage inter-saisonnier de chaleur dans le sol

Porté par le groupe Prologis, le programme logistique Moissy 2 DC1 en Seine-et-Marne met en œuvre un système associant géothermie et intelligence artificielle, pour optimiser la production de chaud et de froid.

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Les sondes géothermiques installées sous un parking stockent dans le sol la chaleur accumulée en été, pour la restituer à l'intersaison et en hiver.

Une baisse de 77% des émissions de CO2 sur les postes de construction mais aussi d’exploitation : c’est la promesse que le groupe Prologis met en avant sur son nouveau site logistique de Moissy 2 DC, à Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne). Les 100 000 m2 d’entrepôts sont occupés par Monoprix, pour diffuser ses produits (hors alimentaire) sur tout le territoire français. Ils intègrent une série de solutions constructives et techniques pour limiter au maximum l’empreinte carbone du projet.

« En utilisant les consommations classiques d’un bâtiment logistique de cette taille, sur la base d’une analyse de cycle de vie, nous avons pu estimer à 150 000 t le volume d’émissions de CO2 à neutraliser sur 50 ans, dont un quart pour la construction et le reste pour l’exploitation, détaille Olivier Barge, directeur des projets et l’Innovation pour Prologis en Europe du Sud. Les solutions mises en œuvre permettent de ramener ces volumes à 35 000 t de CO2 pour l'ensemble du cycle de vie du bâtiment, soit 700 t / an. » Le groupe s’est engagé à compenser ces émissions via un programme de reforestation.

Eclairage intelligent

Dans cet effort de sobriété, la conception du bâtiment logistique a été optimisée pour limiter d’un quart environ son empreinte carbone. La structure associe des éléments en béton standards, tels que dalle et poteaux à des poutres et pannes en lamellé-collé. Pour favoriser l’inertie du bâtiment, les panneaux sandwichs métalliques embarquent 120 mm d’isolants au lieu des 80 mm couramment mis en œuvre. Le poste d’éclairage, qui représente jusqu’à la moitié des consommations électriques d’un bâtiment logistique, a été divisé par quatre grâce à l’intégration d’ampoules LED fonctionnant avec un détecteur de présence et une intensité variable.

L’essentiel des économies provient d’un équipement très innovant : Prologis a installé sur le site la chaufferie bas carbone mise au point par la société Accenta. Le système repose sur le stockage inter-saisonnier de chaleur dans le sol, et l’optimisation des consommations grâce à l’intelligence artificielle. Ici, une centaine de sondes géothermiques installées sous un parking descendent à une centaine de mètres de profondeur. L’été, deux pompes à chaleur air/air évacuent les calories supplémentaires dans les sondes, où elles restent stockées. L’hiver, trois pompes à chaleur géothermiques récupèrent cette chaleur et dopent ainsi leur rendement. En intersaison, le système échange des calories avec le sol en fonction des températures : il se refroidit s’il est plus chaud que le sol, et inversement. La chaufferie est pilotée par une intelligence artificielle qui permet d’anticiper les besoins du bâtiment pour optimiser le stockage thermique et la production de chaud et de froid. Le système intègre également la production photovoltaïque massive du site, avec 36 000 m2 de panneaux installés toiture, qui fournissent 1,4 GWh d’électricité en autoconsommation (environ 25 % des besoins du site).

Premier bâtiment logistique certifié "Zero Carbon"

Les projections à 50 ans prévoient de réduire de 60 % la consommation de chauffage et de rafraichissement du bâtiment, et de 71 % les émissions de CO2 associées. Ces performances font du projet Moissy 2 DC1 le premier bâtiment logistique au monde à obtenir la certification « Zero Carbon » délivrée par l'International Living Future Institute (ILFI). *

Le bilan économique est lui aussi prometteur. Le système de chaleur par géothermie a mobilisé 1,2 millions d’euros (sur un budget total de 60 millions d’euros), soit un surcoût estimé à seulement 10 % par rapport à une installation traditionnelle. « Le retour sur investissement est intégré dans le loyer proposé aux clients, qui s’y retrouvent via la baisse des consommations », souligne Olivier Barge. Prologis prévoit déjà de dupliquer le système sur un second projet logistique neuf, et envisage également de tester la solution sur son patrimoine existant.

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