A Marseille, le ministre des Transports a porté un discours offensif devant les entrepreneurs de TP

En clôture des assises sur le financement des infrastructures et l’aménagement durable, organisées par la FRTP Paca, Philippe Tabarot a réaffirmé ses positions dont celle de maintenir l’Afit.

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Le ministre des Transports Philippe Tabarot répond aux questions posées par les entrepreneurs des travaux publics de la région Paca.
Le ministre des Transports Philippe Tabarot a répondu aux questions posées par les entrepreneurs des travaux publics de la région Paca.

Pour clôturer ses assises sur le financement des infrastructures et l’aménagement durable, organisées le 15 mai au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille, la Fédération régionale des travaux publics (FRTP) de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) avait choisi comme invité de marque Philippe Tabarot, le ministre des Transports.

En terrain connu, ce dernier, enfant du pays où il a officié pendant cinq ans comme vice-président chargé des transports à la Région Paca, s’est prêté facilement au jeu des questions-réponses. Son temps était compté. En une demi-heure, face à la centaine d’adhérents de la FRTP Paca venus assister à leur rassemblement annuel, il n’a eu à répondre qu’aux cinq questions posées à tour de rôle par un des représentants de l’organisation professionnelle : la disparition de l’Agence de financement des infrastructures de transport (Afit) ; la route, comme un moyen de développement ; les projets remis en cause pour des raisons environnementales ; les contrats de plan ; l’impact des économies.

Fléchage des financements

« L’erreur » de la suppression, si elle est confirmée, de l’Afit, en est une, notamment en raison de la visibilité qu’elle permet sur plusieurs années et l’aide au fléchage des financements publics sur les transports. « Sur les 60 milliards d’euros de taxes prélevées dans ce secteur, seulement 10% lui reviennent. Si demain nous n’avons plus l’Afit, nous n’aurons même plus la garantie que ces sommes pourraient revenir au secteur des transports », a-t-il estimé, exprimant cependant l’espoir que « dans leur sagesse, les sénateurs arriveront à convaincre les députés de conserver l’Afit ».

Sur la route, vue comme un moyen de développement ou comme un vecteur de pollution, il a répondu « ne pas souhaiter monter les modes de transport les uns contre les autres. Quels que soient les efforts que nous ferons, que ce soit au niveau maritime, au niveau fluvial ou au niveau du train, une grande partie du transport de marchandises reste dépendante de la route. C’est la raison pour laquelle il faut décarboner la route et rendre complémentaires les différents modes de transport. Dans certains territoires, la route est le seul moyen de déplacement », a-t-il rappelé.

Fin des concessions

Les questions ont pris ensuite un tour plus local avec l’évocation des projets routiers en stand-by en Paca, tels la deuxième phase de la Liaison est-ouest (LEO) à Avignon, le contournement de Martigues-Port-de-Bouc, celui d’Arles, la desserte des Alpes du sud…

Il a répondu en appelant de ses vœux un nouveau modèle de financement qui ressortirait des travaux en cours au sein de la conférence nationale Ambitions France transports qu’il a lancée le 5 mai à Marseille. En clair, que ceux qui ont plus de recettes puissent financer ceux qui en ont moins.

Cette conviction l’a conduit à parler de la fin des concessions entre 2031 et 2036. Le ministre a été clair. Cela ne doit pas aboutir à la gratuité des autoroutes. « L’idée est de faire revenir l’Etat au cœur de ce patrimoine national de 18 000 km de route en renégociant de bons contrats, mais également de faire payer le juste prix aux usagers, de décarboner les autoroutes et de financer de manière solidaire d’autres types de transport comme les routes nationales », a-t-il insisté, précisant que le sujet devrait être discuté avant les élections présidentielles pour éviter tout débat démagogique.

Autouroute A69

Actualité oblige, l’arrêt du chantier de l’A69 a été abordé. Là encore, la position du ministre, qui a demandé le sursis à exécution jugé le 21 mai prochainement, est claire. « Si nous perdons, ce sera catastrophique pour tous les autres projets, même si certains semblent faire l’unanimité aujourd'hui ».

L’autre solution est l’amendement qu’il souhaite porter au nom du gouvernement au projet de loi sur la simplification de la vie économique (SVE) avec cette notion : « La raison d’intérêt public majeur doit être décidée au moment de la déclaration d’utilité publique qui doit avoir un poids déterminant », a-t-il souligné.

Le ministre ne suit cependant pas les parlementaires qui « ont voulu porter une proposition de loi pour revenir sur la décision du tribunal administratif de Toulouse en déléguant l’autorité environnementale. Je pense que chacun doit jouer son propre rôle. Il y a une séparation des pouvoirs. Nous pouvons gagner la victoire autrement ».

JO d’hiver

Philippe Tabarot a enfin décrit les Jeux olympiques (JO) d’hiver organisés dans les Alpes françaises en 2030 comme une opportunité pour mettre à niveau les infrastructures routières et ferroviaires, notamment pour rejoindre Briançon, siège d’un des deux villages olympiques. « Nous souhaitons utiliser les JO pour capitaliser et récupérer un certain nombre de financements, non pas pour faire un tremplin de 90 mètres pour le saut à ski ou une piste de bobsleigh, mais pour avoir un réseau routier digne de ce nom et entretenu », a-t-il affirmé.

L’occasion de « réécrire ensemble » le partenariat public-privé : « Nous avons 40Mds€ d’économies à mettre en œuvre au niveau du gouvernement. J’ai déjà réalisé 1Md€ d'économies. Nous avons besoin d’investir 15,5Mds chaque année dans nos réseaux. Nous devons entrer dans une phase nouvelle et, dans ces moments difficiles, nous devons nous serrer les coudes », a-t-il conclu.

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