A Lyon, un laboratoire de la circulation

Récemment agrandi, le laboratoire de recherche d’Eiffage Route installé à Corbas, près de Lyon, se consacre en grande partie à la décarbonation des infrastructures, mais les travaux sur le confort urbain et la gestion des eaux de pluie prennent une importance croissante.

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Les travaux du centre de recherches d'Eiffage Route passent par toute une série de simulations.

« Nous sommes passés de 2 100 m² à 3 600 m²de surface », se félicite le directeur du centre d’études, de recherche et de formation d’Eiffage Route, Frédéric Loup. En plein cœur de la vallée de la chimie, le laboratoire fait travailler une cinquantaine de personnes en collaboration avec d’autres entités comme le collège d’ingénierie de Lyon-Saint-Etienne qui associe l’Ecole Centrale de Lyon, l’ENTPE, l’Insa Lyon et Mines Saint-Etienne, ou l’université Gustave-Eiffel.

La décarbonation, sujet n°1

Sur les 35 sujets qui font l’objet de recherches, « nous sommes extrêmement focalisés sur la décarbonation », souligne le directeur technique, recherche et innovation d’Eiffage, François Olard qui rappelle que le groupe s’est fixé pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 46 % d’ici à 2030 sur les scopes 1 et 2 (émissions directes et indirectes liées à la consommation d’énergie de l’entreprise) et d’atteindre la neutralité carbone en 2050. « Toute notre R&D est orientée dans cette direction », explique-t-il.

Coproduits papetiers et sucriers

La problématique carbone se retrouve ainsi dans « l’élaboration de matériaux plus durables pour abaisser le coût carbone de l’entretien des chaussées, le diagnostic en temps réel permettant au gestionnaire d’infrastructures d’intervenir au plus juste ou encore l’amélioration de l’efficacité énergétique des process industriels… » liste Simon Pouget, directeur recherche et innovation d’Eiffage. Comme ses concurrents, le groupe travaille sur les enrobés tièdes, les émulsions de bitume à froid et les liants végétaux. Ceux qui ont été élaborés à Corbas (Biophalt, Bioklair) valorisent des coproduits de l’industrie papetière tandis que les tensio-actifs destinés à stabiliser les émulsions de bitume proviennent de la culture de la betterave.

Chaussée élastique

« Nous développons également des polymères biosourcés dont certains contiennent plus de 60 % de dérivés du colza », souligne Flavien Geisler, chef de projets en recherche et innovation. Ces polymères confèrent à la chaussée plus d’élasticité, une meilleure résistance à la fatigue et aux températures élevées. On les retrouve notamment dans la couche de roulement du viaduc de Millau, rénové l’an dernier après 18 ans de service.

Vingt ans en trois semaines

« Sur cet ouvrage, les dégradations arrivent du dessus et non du dessous, comme c’est le cas sur une route classique », explique Simon Pouget. Le revêtement se compose d’une feuille de bitume qui assure l’étanchéité nécessaire pour protéger le métal de la corrosion et de deux couches d’un enrobé extrêmement modifié. « Au laboratoire, deux machines simulent vingt ans de sollicitations en trois semaines à raison de quatre passages de poids lourd par seconde sur une structure parfaitement identique », reprend le directeur recherche et innovation.

Nouveaux services

Autres thèmes de recherche : la sécurité, l’interaction entre l’infrastructure et son gestionnaire ou encore de nouveaux services comme la production d’énergie par la route. Eiffage est ainsi impliqué dans le projet Dromotherm, qui utilise la chaleur accumulée par la route, récupérée grâce à de l’eau circulant sous l’enrobé, pour chauffer un bâtiment. Le dispositif devrait également faire baisser la température de l’enrobé, aidant à réduire les îlots de chaleur. « Nous travaillons de plus en plus sur le confort et la gestion des eaux en ville, indique François Olard qui souligne que les infrastructures construites par Eiffage Route comprennent aussi « des places, des trottoirs, tout l’univers urbain ».

Appel à projets

Ainsi le système Ecoasis combine ainsi un revêtement clair, ce qui lui confère un albédo élevé limitant l’absorption de la chaleur par l’infrastructure. Poreux, il laisse s’infiltrer l'eau de pluie qu’il stocke dans des réservoirs souterrains. Celle-ci vient ensuite alimenter les végétaux intégrés au système qui la restituent par évapotranspiration. Un cercle vertueux salué par le Comité Innovation Routes et Rues (CIRR) en 2021. « Cette labellisation nous permet de déployer nos innovations en bénéficiant d’un suivi du Cerema », souligne François Olard. L’appel à projets 2023 vient d’être lancé. Eiffage Route est sur les rangs.

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