Le site ArcelorMittal de Dunkerque (Nord), le plus important du groupe avec une production annuelle de 6 millions de tonnes d’acier et 3 300 salariés, affiche de grandes ambitions en termes de réduction de ses émissions de CO2. Il mène actuellement trois projets qui devraient lui permettre de les réduire de 33 % à l’horizon 2030 et proposer ainsi un acier plus « vert » à ses clients (dont 10 % environ issus du secteur du bâtiment, contre 50 % pour l’automobile). Avec un ratio actuel de 1,8 kg de CO2 par kilo d’acier produit, le site émet chaque année plus de 11 millions de tonnes de CO2, ce qui en fait l’un des plus gros émetteurs du territoire.
Igar et 3D
D’ici à 2025, le haut-fourneau n° 3 intégrera un pilote industriel, baptisé « Igar ». Le process, unique au monde, consistera à réutiliser les gaz sidérurgiques du site pour les transformer en gaz synthétique réducteur à base de monoxyde de carbone et d’hydrogène. Ce gaz viendra remplacer d’une partie de la coke (18 %) habituellement utilisée dans les hauts-fourneaux pour produire la fonte, qui sert ensuite à la fabrication de l’acier. Ce faisant, les émissions de CO2 en sortie de haut-fourneau seront réduites de 17 %.
Dans le même temps, le sidérurgiste annonce le lancement d’un démonstrateur industriel de captage, purification et liquéfaction du CO2, sous le nom de 3D. Celui-ci devra permettre, dès 2021, de capter 500 kg/heure de CO2 contenus dans les gaz sidérurgiques. Ce projet à 19 millions d’euros, financé à 75 % par des fonds européens, auquel est associé un consortium de 11 partenaires, doit déboucher, à terme, sur la conception d’une installation industrielle capable de capter, purifier et liquéfier un million de tonnes de CO2 par an. L’enjeu, à l’horizon 2030, est une réduction supplémentaire de 8 % des émissions de CO2 et la possibilité de créer à Dunkerque un « hub » dont l’objet serait de stocker ce CO2 (un projet européen d’enfouissement en mer du Nord dans d’anciennes réserves de gaz au large de la Norvège est à l’étude), voire même de le réutiliser au sein d’industries voisines qui viendraient s’implanter.
Recyclage
Moins innovante mais tout aussi efficace, l’utilisation d’acier recyclé dans le process devrait doubler pour passer à 2 millions de tonnes par an d’ici 2022. Gain estimé en terme d’émission de CO2 : moins 8 %.
Dix années de R&D et un budget avoisinant les 200 millions d’euros, ont été nécessaires à la concrétisation de ces innovations pour produire un acier qui devrait pouvoir bénéficier d’un « label vert ». Une très bonne nouvelle pour l’ensemble du secteur de la construction, prochainement soumis à la RE2020 qui viendra mesurer les performances environnementales des bâtiments neufs.