Au cœur du quartier Europe à Colmar, l’entreprise Martin & Fils (mandataire) achève pour l’OPH Pôle Habitat Colmar la construction de 27 logements sociaux à ossature bois à forte performance thermique. Deux collectifs de treize appartements et une première bande de sept maisons individuelles bénéficient du label Effinergie+. Une seconde bande de maisons accède elle au niveau passif, avec une Cep de 48,7 kWhep/m² ShonRT/an, dont 17,1 kWhep/m² seulement pour le chauffage (zone H1b). «Nous avons mis l’accent sur des dispositifs simples permettant autant que possible un fonctionnement économique du bâtiment, souligne Julien Jeanroy, du cabinet d’architectes bas-rhinois Ajeance. C’est la compacité de forme qui est la clef de la performance énergétique, de l’économie de matériaux (et donc de l’économie de ressources prélevées dans l’environnement) et enfin de la faisabilité économique de l’opération.»
Préfabrication en atelier, jusqu’aux vitrages
Les sept maisons passives, d’une superficie de 95 m² (T4) à 115 m² (T6), associent une enveloppe extérieure très performante et des équipements techniques mutualisés. Concernant l’enveloppe, le cabinet Ajeance a fait le choix de caissons en ossature bois (24 cm pour les murs, 36 cm pour la toiture végétalisée) isolés avec de la ouate de cellulose insufflée. Réalisée en atelier par le mandataire, la préfabrication a aussi inclus la pose des vitrages (triple vitrage à rupteur de pont thermique), des caissons de volets roulants et des bardages. Il ne restait plus à l’entreprise Martin qu’à assembler les éléments sur chantier, à raison d’un jour à un jour et demi par maison. «Le choix de travailler en filière sèche sur l’ensemble du projet a aussi permis de gérer au mieux les problématiques d’étanchéité», relève son P-DG, Benoît Martin.

L’isolation du sol a été également renforcée. Les maisons ne reposent pas sur des fondations classiques mais sur un radier en béton de 25 cm coulé sur un remblai de 50 cm de mousse de verre cellulaire, avec pose de rupteurs de pont thermique de 12 cm d’épaisseur. L’orientation des maisons plein sud, leur compacité et leur liaison en bande contribuent également à la performance de l’enveloppe.
Des charges limitées à 4,2 € TTC/m²/an
Côté équipements, l’originalité de la proposition du bureau d’études thermique Terranergie a été de s’appuyer sur des moyens mutualisés. Les 27 logements sont reliés par une station collective au réseau de chaleur urbain, qui répond aux besoins en chauffage et ECS en hiver. L’été, 40 m² de panneaux solaires thermiques posés sur l’un des deux collectifs assurent 100% des besoins en ECS et une partie des besoins en chauffage durant l’intersaison. L’une des préoccupations du BET a été de ne pas surdimensionner le réseau de distribution pour éviter les pertes thermiques. Les conduites ont été isolées et placées directement en faux plafond pour limiter le linéaire. La ventilation des sept maisons passives est assurée en bloc par une VMC double flux haute performance permettant la récupération de la chaleur de l’air extrait. Le niveau d’étanchéité du circuit aéraulique atteint la classe B, soit un taux de fuite limité à 2%. Ces choix techniques doivent permettre de limiter au maximum les charges, estimées à 4,2 € TTC/m²/an.
Maîtrise des coûts
La construction des 27 logements a mobilisé 2,8 millions d’euros hors taxe pour les travaux (hors travaux de VRD, aménagements extérieurs chiffrés à 210 000 euros HT), soit 1135 € HT/m² de surface de plancher. Si les sept maisons passives dépassent cette moyenne environ 150 €/m², la maîtrise des coûts est restée un axe fort du projet. «Le soutien de l’Ademe à hauteur de 380 000 euros a été décisif dans le déclenchement du projet, reconnaît Christian Tricot, directeur du développement du Pôle Habitat Colmar. Nous avions aussi la chance de posséder le foncier, puisque ces logements ont été construits sur l’emplacement de trois tours détruites dans le cadre du programme de rénovation urbaine.» La reproductibilité en termes financiers n’est donc pas une évidence, du moins dans les standards du logement social. Inscrit dans l’écoquartier en construction dans cette partie du quartier Europe, le projet n’en reste pas moins exemplaire quant au cadre de vie proposé aux futurs résidents. Dans les maisons individuelles toutes les pièces de vie seront traversantes et orientées sud, le salon donnant directement accès à un jardin privatif de 100 m².