« C’est la pose de la première pierre d’un chantier qui a commencé mais qui ne se voit pas » a résumé Christophe Béchu, maire d’Angers, président de l’agglomération et récent ministre délégué en charge des Collectivités territoriales lors de l’inauguration de La Fabrique numérique du territoire intelligent dans les locaux de la Cité des associations, avant son installation définitive dans l’immeuble Métamorphose en construction dans le quartier Saint-Serge.
De fait, ce lieu de pédagogie est la partie visible d’un marché public global de performance qui « mobilise déjà quelque 150 personnes » a indiqué Pierre Hardouin, Directeur général d’Equans (Inéo) qui représente le groupement porté par Engie avec Ineo, Suez, le groupe Vyv et La Poste.
Les visiteurs de la Fabrique pourront découvrir et mieux comprendre les solutions proposées dans le cadre de ce marché de 178 millions d’euros HT, dont une tranche ferme de 121 millions.
Jumeau numérique
La Fabrique se veut un lieu d’échanges entre les élus, les usagers, les citoyens, les agents des collectivités et les partenaires du projet.
C’est aussi un centre de formation opérationnel équipé de démonstrateurs pour appréhender les enjeux d’éclairage public, de sécurité, de surveillance ou de fonctionnement des équipements (hypervision) ou encore d’aide à la décision avec le jumeau numérique.
Réalisé par Siratel à partir d’images en haute résolution captées lors de prises de vues aérienne, ce jumeau numérique permet d’offrir des vues 2D et 3D pour différents usages. « Chaque pixel correspond à 5 cm » détaille Christophe Papin, directeur Smart solutions de Siratel. « Ce jumeau permet par exemple de visualiser des phénomènes d’inondation ou d’îlots de chaleur urbains en tenant compte des scénarios du Giec » explique-t-il. « Il va nous permettre de disposer du premier élément de pilotage à l’échelle du territoire » complète Christophe Béchu.

Démonstration de la plate-forme d’hypervision Livin devant Christophe Béchu avec une carte qui fournit une vision en temps réel des activités (mesures, consommation alarmes, etc.) grâce aux données collectées au travers de différents capteurs et outils métiers. © Jean-Philippe Defawe
Economies d’énergie
Plus globalement, le programme Angers territoire intelligent vise trois objectifs principaux : accélérer la transition écologique du territoire, améliorer les services publics pour les habitants et rendre l’action publique plus efficace et, enfin, optimiser la gestion du service public et ses coûts de fonctionnement. Par exemple, en matière d’éclairage public, 30 000 des 50 000 points lumineux seront remplacés par des candélabres à LED équipés de capteurs de présence et pilotable à distance. Quelque 7 000 sont déjà installés. « Il nous permettrons de réaliser 66 % d’économie sur une facture d’électricité qui était à l’époque de 2,5 millions d’euros par an et qui va augmenter de 40 % car nous ne sommes pas concernées par le bouclier tarifaire » assure Christophe Béchu.
Dans un contexte économique où les prix de l’énergie explosent, Angers, qui ambitionne de devenir le modèle français de la smart city, semble avoir fait le bon choix. « En misant sur ces usages technologiques, on va être capable de corriger une partie de nos excès et de lutter contre le gaspillage » promet Christophe Béchu qui indique par exemple que 3 560 capteurs installés dans les bâtiments de la ville et l’agglomération feront baisser de 20 % les factures d’électricité et de gaz de la collectivité.
« Dans le contexte géopolitique mondial que l’on traverse, si on est capable de diminuer sans effort excessif de près de 70 % notre consommation l’électricité pour l’éclairage public et entre 20 à 25 % de notre consommation de gaz, c’est un sacré signe d’espérance » résume le nouveau ministre délégué aux Collectivités locales.
C’est aussi un pari sur l’avenir car ces infrastructures intelligentes pourraient bien stimuler un écosystème local déjà bien dynamique. « C’est un début et nous sommes convaincu que ça va donner naissance à de nouveaux projets qui viendront se connecter sur ces solutions et leurs données » espère Christophe Béchu qui, comme il l’avait promis au lauréat du marché lors du dialogue compétitif, à partir du modèle angevin, entend désormais aider cette solution française à partir à l’assaut d’un marché mondial.