Cet été, une campagne de prises de vue aériennes stéréoscopiques a été conduite sur les 29 communes d'Angers Loire Métropole. Ces images à très haute définition vont permettre de modéliser en 3D les 666 km2 de l'agglomération afin de réaliser un double numérique de ce territoire qui entend devenir un modèle de smart city pour accélérer sa transition écologique et, dans le même temps, générer des économies. Dès le début de l'année prochaine, cet ambitieux projet commencera à prendre corps. « Nous avons un peu plus de deux ans pour déployer progressivement le socle digital, dont le jumeau numérique sera l'une des briques », détaille Guy Paganelli, directeur de projet pour le groupement porté par Engie Solutions (1), lauréat en novembre 2019 d'un marché public global de performance de 178 millions d'euros sur douze ans qui vise à optimiser la gestion des services urbains de l'agglomération angevine.
Outil d'aide à la décision. La conception de ce double numérique a été confiée à Siradel, une société rennaise acquise par Engie en 2016 et spécialisée dans la modélisation des villes, la visualisation et la simulation en 3D. « La collectivité pourra par exemple le mettre à disposition des architectes ou des aménageurs pour qu'ils puissent simuler l'impact de leur projet dans le tissu urbain et étudier différents scénarios », poursuit Guy Paganelli. Il pourra également servir d'outil d'aide à la décision et de communication pour les élus, notamment lors de l'étape, désormais incontournable, de la concertation avec les habitants.
« Un premier jumeau numérique est livré en début de marché et sera complété d'une version enrichie deux ans plus tard, avec des livraisons intermédiaires. C'est un outil vivant et collaboratif, qui évoluera au rythme des contributions de chaque acteur de la ville », indique-t-on chez Siradel. Il sera alimenté par des données - numériques ou non - disponibles dans les services des villes, les systèmes d'information géographique (SIG), mais aussi à travers les maquettes BIM de bâtiments, publics comme privés, et des infrastructures réseaux. Charge à Siradel de qualifier, de géoréférencer et d'agréger ces données très hétérogènes.
Le double digital évoluera au rythme des contributions des acteurs de la ville
« Multiplicité des thématiques abordées ». Pour piloter l'ensemble, le projet s'appuie sur Livin', une plate-forme de gestion de données urbaines développée par Engie Digital et déjà utilisée à Niteroi (Brésil) pour la circulation, à Bari (Italie) pour la qualité de l'air et en France, à La Baule (Loire-Atlantique) pour la gestion des parkings. « Cet hyper viseur est un outil progiciel qui est opéré par la collectivité. Il agrège plusieurs briques métiers, précise Guy Paganelli. La spécificité du projet angevin est la multiplicité des thématiques abordées qui vont de la sécurité à l'éclairage public en passant par l'eau, les déchets ou la santé. L'intérêt est aussi dans le croisement de toutes ces données. » Toutefois, pour faire d'Angers la référence française en matière de ville intelligente et générer les quelque 100 millions d'euros d'économies promises sur vingt-cinq ans, le projet passe immanquablement par des interventions sur les infrastructures et les bâtiments existants. D'ici à 2025, le groupement compte ainsi rénover le réseau d'éclairage public (30 000 lanternes led et 10 000 mâts) et l'ensemble des armoires électriques du territoire, et poser des milliers de capteurs dans toute l'agglomération, dans les parkings, les réseaux d'assainissement, les jardins publics ou encore les poubelles.