Vous avez lancé la convention des maires. D’où vient ce nouveau mouvement ?
Depuis vingt ans, nous ne cessons, avec l’aide de la Commission, d'interpeller les collectivités sur les questions énergétiques.
Une action difficile ?
Oui, car l'énergie ne fait pas partie intégrante du traité de l'Union et ce sujet entre dans le champ de la subsidiarité. De plus, la précédente Commission a fait exister le sujet énergie à coups de normes et de directives. On était loin de notre démarche qui consiste à faire partager les sujets avec les citoyens.
Tout ça pour dire que l'idée d'intéresser les collectivités à l'énergie n'a pas été populaire rapidement.
Il y a pourtant eu du changement ...
Cela a été une succession d'événements favorables. A commencer par la publication, en octobre 2006, d'un Livre vert sur l'efficacité énergétique, suivi d'un plan d'action. Ces deux documents sont à l'origine de l'objectif d'améliorer de 20 l'efficacité énergétique du Paquet Energie Climat. C'est précisément dans ce plan que la Commission propose la création d'une convention des maires.
De quoi s'agit-il, à l'époque ?
En octobre 2007, Bruxelles imagine que 25 grandes villes de l'Union vont se regrouper et prendre quelques initiatives. Sans plus.
Et dans votre esprit ?
Comme européen convaincu, je voulais redonnerdu sens à l'action européenne, grâce à des projets concrets et palpables. Des projets qu'un maximum de gens et de collectivités puissent s'approprier.
L'énergie m'a semblé être un sujet de prédilection: ça parle à tout le monde ! En octobre, la Commission nous a confié le secrétariat de cette convention qui très vite a dépassé toutes les attentes.
Où en êtes-vous désormais ?
Nous pensions débuter avec une trentaine de villes et accepter une centaine de nouveaux membres chaque année. Avant même que nous ne commencions, nous avons déjà reçu 350 demandes d'adhésion et, à ce rythme, il ne fait pas de doute que nous serons un millier d'ici à la fin de l'année.Déjà, nous comptons parmi nous des villes aussi importantes que Budapest, Paris, Helsinki, Lyon, Riga, Grenoble et son agglomération, Besançon, la Communauté urbaine de Bordeaux, Rennes et Lille.
A quoi s'engagent ces collectivités ?
Tout simplement à atteindre, voire dépasser, les objectifs du Paquet Energie Climat d'ici à 2020.
Mais, le parcours est bien balisé. Dans un an, elles devront soumettre une estimation de leurs émissions de gaz à effet de serre ainsi qu'un plan d'actions. Deux ans après, toutes ces villes devront fournir un rapport de début d'exécution du programme. Faute de quoi, elles seront exclues de la convention.
A quelles aides peuvent-elles prétendre ?
Le secrétariat de la Convention ne disposant que de 1,7 million d'euros de budget pour les deux prochaines années, nous ne pouvons leur être d'aucun secours financier. Cela a toujours été très clair. Ce qui importe, c'est que nous puissions monter, dans chaque pays membre, des structures de soutien technique et financier. L'Ademe pourra, peut-être, jouer un tel rôle en France ? Après, les collectivités devront trouver les financements, via les banques classiques ou la Banque européenne d'investissements. Nous souhaitons toutefois collecter les bonnes pratiques reproductibles qui seront mises en oeuvre pour pouvoir les diffuser le plus largement possible. Les collectivités devront aussi faire du prosélytisme auprès de leurs voisines, de façon à rapidement créer un mouvement qui fasse boule de neige. C'est de cette façon, je crois, en faisant en sorte que les territoires développent, eux-mêmes, leur stratégie énergétique, qu'ils pourront atteindre leur objectif et non en créant un monstre technocratique les enjoignant depuis Bruxelles de faire telle ou telle chose.