Yves Gellusseau, P-DG de la société d'architectes et d'ingénieurs AIA-Cera veut anticiper l'impact des 35 heures sur sa société. Si un accord intervient, il constituerait une première pour une agence de cette taille. AIA-Cera emploie 190 salariés dont 130 cadres.
Quel va être l'impact des 35 heures sur AIA-Cera ?
YVES GELLUSSEAU. Nous sommes sur un marché ou les commandes proviennent à 60 % du secteur public. L'Etat décrète les 35 heures mais en tant que donneur d'ordre, il ne nous laisse peu de temps pour réaliser ses commandes, ce qui est incompatible avec les 35 heures. Or sur ces marchés publics, nous avons en face de nous 27 000 concurrents précarisés et incontrôlés qui ne seront pas touchés par la réduction du temps de travail.
Quel est l'enjeu pour AIA-Cera ?
Après avoir protesté contre les 35 heures, il faut réagir. Soit on organise notre propre précarisation, soit on respecte une certaine éthique sociale en réfléchissant. Quoi qu'il en soit, nous sommes particulièrement attachés à maintenir la cohésion de notre entreprise. Les clients du privé apprécient d'avoir face à eux une entreprise structurée. Le secteur public assure qu'il va vers les mêmes exigences. En France, la profession d'architectes est fragmentée mais, au niveau européen, le marché est occupé par des structures importantes, principalement en Grande-Bretagne.
Comment allez vous réagir ?
Sans attendre l'échéance 2000, nous avons entamé une réflexion avec l'équipe de Pierre Larrouturou. Nous avons créé des groupes d'études qui regroupent au total près de quarante personnes représentatifs de l'entreprise pour voir quelles sont les chances de maintenir notre productivité. Le 25 avril, nous réunissons tous nos collaborateurs à Nantes pour voir s'il faut pousser l'expérience plus loin.
Adopterez-vous la semaine de 4 jours ?
Non, nous étudions aussi d'autres scénarios comme, par exemple, une semaine de récupération toutes les cinq semaines. Notre démarche sera aidée par les gains de productivité que nous attendons de la certification Iso 9001.
