C’est l’un des effets les plus symptomatiques du dérèglement climatique. Depuis plusieurs années, le taux d’enneigement des massifs alpins tend à diminuer. Le domaine de l’Alpe d’Huez (Isère) ne fait pas exception à la règle. C’est pour pallier cette situation critique et garantir un enneigement de la piste de Sarenne – la plus longue d’Europe avec ses 16 km – durant 140 jours (contre 120 aujourd’hui environ), que la Société d’aménagement touristique de l’Alpe d’Huez et des Grandes Rousses (Sata) a décidé de construire une sixième retenue collinaire (ou barrage d’altitude) dans le domaine, à 2 700 m d’altitude.
Chantier atypique, la réalisation de ce lac artificiel, d’une capacité de 165 000 m3, a d’abord nécessité le minage de 180 000 m3 de déblais. Intégralement recyclés sur site, 130 000 m3 ont été employés, comme remblais, pour ériger la digue de retenue en aval de l’ouvrage. Les 50 000 m3 de déblais restants, quant à eux, ont été utilisés comme matériaux drainants au fond de la retenue ainsi que pour habiller les talus intérieurs, avant la mise en place du dispositif d’étanchéité. Ce dernier, mis en œuvre par les entreprises NMG Etanchéité et Polen’ sur une surface de 32 500 m², comprend un géocomposite drainant Pavitex, posé à même le sol terrassé et destiné à collecter les petites venues d’eau provenant des talus. C’est sur celui-ci qu’est ensuite étendue – par lés de 2,7 m de largeur pour 200 m de longueur, soudés entre eux à l’air chaud – la géomembrane composite Précontraint 1215, qui assure l’étanchéité proprement dite du barrage.
61 rouleaux de géomembrane acheminés par hélicoptère
D’une épaisseur de 1,25 mm et d’un grammage de 1,2 kg/m², cette géomembrane – brevetée par le fabricant isérois Serge Ferrari – est composée d’une armature en micro-câbles polyester et d’une couche de surface en PVC, l’enduction étant exercée sous tension en chaîne et en trame pendant le cycle de fabrication. Environnement montagneux oblige, elle affiche une résistance à la rupture de 550 daN/5cm, lui permettant de faire face aux contraintes de haute altitude (avalanches, chutes de pierres, etc.). Résistante aux fortes amplitudes thermiques (de – 50°C à + 50°C), elle est également conçue pour supporter une puissance solaire de 1 000 W/m² – un ensoleillement équivalent à celui du Sahara ! Au total, 61 rouleaux de géomembranes ont été acheminés sur le chantier par hélicoptère. Dernière couche du dispositif d’étanchéité, un géocomposite de retenue des terres est enfin positionné sur la géomembrane. Il garantit la stabilité des matériaux de confinement, lesquels sont disposés sur une épaisseur de 30 cm.
Une fois la retenue dite « de l’Herpie » réalisée, un réseau de canalisations sera mis en place. Reliant le barrage à l’usine de production de neige artificielle (ou neige de culture) – également en construction en contrebas de l’ouvrage –, il servira en outre à alimenter les 72 canons à neige (ou enneigeurs) répartis tous les 70 m le long de la piste. Cette dernière sera alors prête à accueillir les amoureux de la nature et de sensations fortes durant 140 jours, dès la saison 2014-2015.