Inauguré il y a trois ans, le nouveau siège de l’entreprise de peinture Tiriault a fière allure. Implanté sur 600 m2, il est deux fois plus vaste que les locaux précédents. « Lorsque l’électricien s’est installé à côté de chez nous, notre bâtiment qui avait treize ans nous a semblé ringard. D’où la décision d’en créer un nouveau et d’en profiter pour repenser toute l’organisation », raconte Véronique Ikene qui, en juin 2000, a repris l’entreprise de son père. Une succession pas tout à fait programmée : « J’étais intermittente du spectacle et lorsque j’avais des trous dans mon planning, je venais travailler dans l’entreprise. Mon père préférait que l’affaire reste dans la famille. Les autres enfants n’étant pas intéressés, je me suis lancée », détaille-t-elle.
Gérante de cette SARL de 30 salariés (2,3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2005) la jeune femme de 36 ans est une organisatrice née.
Régisseuse de spectacles pendant plusieurs années, elle y a appris la décoration, la gestion d’un planning et la coordination. « Une entreprise de peinture travaille à l’embellissement. Comme au théâtre, il y a un décor, des délais et des hommes », résume-t-elle. Quant à la peinture, elle connaît ça depuis bien longtemps. « Lorsque j’étais enfant, l’entreprise était à la maison et de plus, tous les étés avec mon frère et ma sœur, nous y avons travaillé », ajoute-t-elle.
Traitant 80 % de marchés publics, avec notamment de nombreux chantiers dans l’hospitalier et l’enseignement, Tiriault travaille en Ille-et-Vilaine, dans les Côtes-d’Armor et également en région parisienne. « Nous suivons nos clients », précise la responsable. Entourée d’un directeur technique (son mari), d’un conducteur de travaux et d’un métreur, Véronique Ikene se garde les chantiers chez les particuliers.
Attentive à la formation, elle a recruté deux apprentis. « Chez les particuliers, nous ne mettons que des peintres chevronnés. Mais comme pour apprendre, il faut faire, nous envoyons nos jeunes peintres sur des plus gros chantiers avec une équipe bien structurée. » Pour faire face aux périodes de forte activité, Tiriault travaille avec des sous-traitants. La dirigeante a renoncé en revanche à faire appel à l’intérim.
Manager une majorité d’hommes ne la dérange pas. Chaque matin, vers 8 heures, elle arrive à l’entreprise, salue d’une poignée de main tous ses collaborateurs, y compris son mari. « C’est une façon de mettre de la distance », explique cette mère de trois enfants. Depuis un an, elle a mis en place pour chaque salarié un entretien individuel, « pour écouter ce que la personne attend de l’entreprise. Chaque entretien dure environ une heure. C’est incroyable tout ce qu’on apprend en écoutant. Du coup, on gagne du temps. Avec les clients, c’est la même chose ».
De la même façon, Véronique Ikene distille de l’information : deux fois par an, a lieu une réunion d’environ deux heures. « Les salariés ont besoin de connaître les objectifs de l’entreprise. » Et puis, il y a les pots du vendredi soir, organisés de façon informelle mais finalement régulière.
