Tempête Alex : à Breil-sur-Roya, assemblage et pose d’un pont de secours en un temps record

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Ce lundi 22 février, dans le quartier de Veil, en amont de la commune de Breil-sur-Roya, il aura fallu un peu moins de deux heures pour déplacer et positionner le pont provisoire modulaire de type MC200 d’une portée de 33 mètres. A midi, les équipes du Centre national des ponts de secours (CNPS), assistées de celles de Médiaco, le loueur des deux grues mobilisées, avaient terminé leur tâche.

Restait à poser, le lendemain, les éléments du tablier métallique revêtu d’une résine époxy. Ce mercredi 24 février au matin, les voitures pouvaient emprunter l’ouvrage à une voie et ainsi accéder à la route départementale 6204 desservant le centre du bourg de 2 200 habitants.

Mobilisant deux ouvriers, un ingénieur d’études et d’opérations, ainsi qu’un chef de chantier du CNPS, le montage et la pose du pont de Veil aura pris une semaine. C’est sans compter la journée de transport des pièces détachées (des éléments de 2,40 m de haut et 3 m de long) de l’ouvrage métallique, acheminées par trois semi-remorques depuis le siège du CNPS à Verneuil-l’Étang (Seine-et-Marne).

Mobilisation de deux grues

Délicate, l’opération l’a été aussi pour Mediaco, le loueur des deux grues. « Le plus compliqué a été d’arriver à Breil-sur-Roya. Compte tenu de l’obligation d’emprunter des routes de montagne étroites, il était impossible de monter la grue de 300 tonnes qui aurait permis d'assurer l’opération. A la place, nous avons opté pour deux grues : une de 200 tonnes et une de 60 tonnes. Et pour les monter, nous avons dû démonter pare-chocs et marchepied », témoigne Paul Béguier, responsable d’opération chez Médiaco.

En l’occurrence, la synchronisation a fonctionné. La grue de 200 tonnes a servi à positionner l’ouvrage au plus proche de la brèche. Puis, celle de 15 tonnes est venue en renfort pour le stabiliser et le poser sur les platines métalliques scellées dans les appuis en béton. Vestiges du pont emporté par la tempête Alex, ceux-ci ont été renforcés par l’entreprise Tama, mandataire du groupement titulaire d’un « marché de travaux d’urgence de rétablissement des liaisons routières pour désenclaver villages et hameaux de la Roya » attribué par le département des Alpes-Maritimes. Dans ce cadre, l’entreprise a également réalisé les pistes d’accès au chantier.

Aide du département des Alpes-Maritimes

A l’issue de quinze jours de travaux, le chemin de Veil pouvait donc à nouveau enjamber la Roya et rejoindre la RD6204. Une première pour la vingtaine de familles du quartier de Veil isolées depuis que les crues de la rivière provoquées par la tempête Alex en octobre avaient emporté l’ancien pont. La solution provisoire de passage à gué n’avait pas été non plus une bonne solution. La nouvelle crue causée par la fonte des neiges et les fortes précipitations de janvier dernier avait vite fait de l’emporter.

Le pont provisoire posé par les équipes du CNPS restera jusqu’à la fin du mandat. « Cela nous permettra de nous occuper de reconstruire deux autres ponts emportés lors du passage de la tempête », précise Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya. Il aura le soutien du département des Alpes-Maritimes, qui a pris déjà en charge à hauteur de 70 % le coût du montage et de la pose du pont du CNPS, soit un montant de 27 000 euros, et apporté sa logistique. Si elle ne paie rien la première année, la commune devra verser un loyer annuel de 36 000 euros, un montant qui sera largement assumé par le département.

Reconstruction

Plus de quatre mois après le passage de la tempête Alex, il est temps de penser à la reconstruction dans la vallée de la Roya, sachant que le département les a chiffré à 280,6 millions d’euros, le coût du rétablissement du réseau routier (Voir encadré ci-dessous).

Des premiers principes sont acquis. Ainsi, dans la mesure du possible, les futurs ouvrages n’auront pas de piles intermédiaires. C’est l’une des leçons tirées de la tempête Alex par le Cerema liée par une convention au département des Alpes-Maritimes pour réfléchir notamment aux nouveaux ouvrages et infrastructures dans la Vallée de la Roya : « Un des principes est de maximiser la transparence hydraulique. Cela consiste à réduire le nombre de piles et ainsi éviter qu’elles fassent obstacle. Cela nécessite aussi des portées plus importantes et donc de redimensionner les ouvrages. Les culées ou appuis de rives devront aussi se situer en dehors des zones d’épandage de la rivière », explique Patrice Maurin, directeur du département risques naturels au Cerema Méditerranée.