Scoop : les starchitectes fricotent avec des superstars
A partir du 9 février, l’intimité, réelle ou supposée, de quelques célébrités est dévoilée dans l’exposition Houses for superstars à la Villa Noailles à Hyères. Une sélection de projets qui en dit aussi long sur les caprices de stars que sur les lubies d’architectes.
M-D.A
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Joséphine a (peut-être) deux archis…
On n’a jamais su si Le Corbusier avait réellement eu une liaison avec Joséphine Baker. On n’a pas non plus la preuve que la chanteuse et danseuse ait rencontré Adolf Loos. Elle n’a donc peut-être jamais commandé ce projet de maison parisienne, esquissé en 1927 par l’architecte autrichien et jamais réalisé. C’est donc en vain que l’on cherchera une ceinture de bananes dans cette vue de la piscine intérieure.
Maxine sur la French Riveria
Avouons-le ! Avant l’exposition de la Villa Noailles, on n’avait jamais entendu parler de la star des planches et du cinéma muet Maxine Elliott. Mais, d’après « Wikipédia », l’Américaine était « célèbre autant pour sa beauté que pour son jeu d’actrice ». Elle était aussi très riche et avait donc pu s’offrir ce « Château de l’Horizon » bâti par Barry Dierks en 1932 à Golfe-Juan, sur la Côte d’Azur. Maurice Chevalier, Churchill ou Greta Garbo comptaient parmi les habitués de la somptueuse villa. Enfin, c’est toujours « Wikipédia » qui l’affirme.
Calvin à la plage
Fire Island, sur la côte est des Etats-Unis, est l’île des célébrités. Et en 1972, Horace Gifford, le roi des maisons de plages, y a bâti celle du prince du jean’s et des caleçons, Calvin Klein. Ce n’est d’ailleurs qu’une parmi des dizaines de villégiatures réalisées par l’architecte dans ce petit paradis pour riches.
Chez Vincent avec vue
Vincent Gallo est un peu l’archétype de l’artiste protéiforme qu’on imagine aussi cool que ténébreux, talentueux qu’exigeant. On est à peine surpris de voir le nom de l’acteur-réalisateur-chanteur-etc. associé à celui de Rem Koolhaas, l’architecte néerlandais sévèrement génial de l’agence OMA, sur cette étude de 2005 pour un appartement – jamais réalisé – avec vue sur Los Angeles, aux Etats-Unis.
Nid de chipies
Si on demande aux Spice Girls de dire ce qu’elles veulent « vraiment, vraiment », comme dans Wannabe, leur inoubliable tube de 1996, il n’est pas certain qu’elles répondent « habiter ensemble » tant les rumeurs de fâcheries et de réconciliations ratées entre Posh, Baby, Scary, Sporty et Ginger Spice vont bon train… Pour l’exposition « Houses for superstars », l’agence 1986 a tout même imaginé le cadre idéal pour leurs prises de bec.
Thomas les pieds sur terre
Puisque l’astronaute Thomas Pesquet passe quand même pas mal de temps sur le plancher des vaches et de ses semblables humains, il faut bien une maison. Peut-être que celle que l’agence d’architecture et d’urbanisme UR a imaginée pour l’exposition « Houses for supertars » lui rappellera un peu le boulot…
Bienvenue chez Marie-Laure et Charles
Finalement, visiter l’exposition de la Villa Noailles, c’est un peu la chance de se mettre dans la peau d’une superstar. Car si la maison d’hiver réalisée dans les années 1920 par Robert Mallet-Stevens à Hyères devait être moderne, saine et pas mondaine, elle est tout de même celle où Marie-Laure et Charles de Noailles ont mené une vie totalement surréaliste, entourés de Picasso, Cocteau, Man Ray ou Buñuel.
Le lecteur pardonnera au « Moniteur » de se muer — sur quelques paragraphes, pas plus — en « Voici » de l’architecture. Mais on ne résiste pas à la tentation de se glisser dans l’intimité des vedettes, ni à celle de filer à Villa Noailles, à Hyères (Var) pour visiter l’exposition Houses for superstars… bref, en bon français, aux Maisons de grandes étoiles, telles qu’elles ont été dessinées par de non moins grands architectes ou designers.
Le propos des trois commissaires, Audrey Teichmann, Benjamin Lafore et Sébastien Martinez-Barat, est de parler, le plus sérieusement du monde, de « l’architecture hypermédiatisée » et de la star comme « objet critique ». Du 9 février au 15 mars, on peut aussi se contenter de jouer à la groupie s’extasiant sur la vie rêvée, réelle ou complètement fantasmée que quelques idoles auraient pu mener dans la Cité des Anges ou sur la French Riviera.
Naomi, Joséphine et Monica
La sélection des projets présentés au centre d’art de la Villa Noailles ressemble à un générique de superproduction : Naomi Campbell, Joséphine Baker, Monica Vitti… pour les premiers rôles. Et Rem Koolhaas, Adolf Loos ou Philippe Starck pour les décors. Pour des célébrités plus contemporaines comme Greta Thunberg ou Thomas Pesquet, la Villa Noailles a même fait plancher six jeunes agences. A voir ces bicoques somptueuses ou farfelues, réalisées ou non, ainsi regroupées dans la villa de Robert Mallet-Stevens, on s’interroge : qui, du starchitecte ou de la superstar, est le plus extravagant ? Ou n’est-ce pas justement le talent du premier que de savoir interpréter les caprices de la deuxième ?
« Houses for superstars – l’architecture hypermédiatisée » à la Villa Noailles, montée Noailles 83400 Hyères. villanoailles-hyeres.com
Découvrez le témoignage de Sandrine Porterie qui nous partage son parcours au sein du Groupe et nous plonge au cœur de l’agence d’Aix-en-Provence qu’elle dirige aujourd’hui.
