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Tout juste six semaines après l’accord intervenu entre la Ville de Paris et la SNCF, la SA Gare du Nord 2024 a déposé, le 4 janvier dernier, le permis de construire modificatif pour la rénovation de la plus grande gare d’Europe. « Nous avons travaillé jour et nuit pour remanier le projet, commente l’architecte Denis Valode. Au fil des concertations, de l’enquête publique, et même des polémiques, la silhouette du bâtiment s’est épurée. Le projet a gagné en clarté et en expression architecturale. »
La modification la plus importante porte sur la dédensification du projet avec une réduction de la surface de plancher de 7 500 m2, obtenue par la suppression du 5e niveau et celle, partielle, du 4e étage du nouveau bâtiment du hall des départs. La superficie créée passe ainsi de 61 500 m2 à 54 000 m2 (portant la superficie totale de la gare du Nord à près de 130 000 m2).
22 000 m2 de nouveaux espaces pour les voyageurs
« Sur ces 54 000 m2, 22 000 m2 correspondent à de nouveaux espaces pour les voyageurs. Le reste de la programmation, qui n’est pas encore totalement calé, devrait se répartir entre les commerces, environ 30 %, la restauration, 25 %, les bureaux et espaces de coworking, 25 %, et, enfin, la culture, les loisirs et le sport, pour 20 % », détaille Frédéric Chouzenoux, directeur du développement de la SA Gare du Nord 2024, filiale de Ceetrus (groupe Auchan) à hauteur de 66 % et de SNCF Gares & Connexions (34 %). Dans le projet remanié, la salle événementielle disparaît, remplacée par un espace de coworking. « Contrairement à ce qui a pu être indiqué, les commerces « urbains », c’est-à-dire hors commerces de gare (presse, ventes à emporter), se situeront aux niveaux 2 et 3 du nouveau bâtiment et non pas sur le parcours des voyageurs grandes lignes, aménagé au premier étage », ajoute Aude Landy-Berkowitz, présidente du directoire de la SA Gare du Nord.
Une nouvelle passerelle entre le pont Saint-Ange et la gare du Nord
Le permis modificatif prévoit ensuite la création de 1 000 places de vélos supplémentaires, soit 2 000 au total à l’intérieur du bâtiment. « Ce projet de restructuration va permettre d’ouvrir la gare vers le Nord. Une nouvelle passerelle reliera le pont Saint-Ange, sur le boulevard de la Chapelle, à la rue intérieure du bâtiment, au niveau 1. Pour gérer ce raccordement, nous avons imaginé un lieu autour duquel prendront place ces nouveaux parkings à vélos », décrit Denis Valode. La SNCF, et non pas la SA Gare du Nord 2024, assurera la maîtrise d’ouvrage de cette liaison, en vue d’une livraison en 2024.
Accès direct aux trains régionaux
Un autre changement important, inscrit dans l’accord conclu entre la SNCF et la Ville de Paris, concerne l’accès aux trains régionaux. Il se fera directement depuis le quai transversal et non pas en empruntant le parcours des voyageurs grandes lignes par le niveau 1 du terminal des départs.
Des façades retravaillées
La maîtrise d’œuvre a également retravaillé les façades. « La façade Est, sur la rue du Faubourg Saint-Denis, a fait l’objet d’un certain nombre de remarques pendant l’enquête publique, souligne Denis Valode. Conçue en structure métallique et verre, elle paraissait un peu froide. Nous l’avons donc habillée d’une résille en bois à laquelle s’accrochera à la végétation », décrit-il. La façade Ouest, côté voies ferrées, a elle aussi évolué. « Les modifications demandées ont entraîné une réorganisation de la logistique. Les coursives envisagées le long de cette façade ont été déplacées, ce qui nous a notamment permis de prolonger le grand portique sur toute la longueur du bâtiment », indique l’architecte.
En revanche, la façade Sud, sur le parvis, reste identique. Quant à la halle Transilien, dessinée par Jean-Marie Duthilleul, inaugurée en 2001, « elle sera démontée et réinstallée sur un site ferroviaire », assure Frédéric Chouzenoux.
Les travaux préparatoires en cours depuis juillet 2020
Le chantier devrait débuter au printemps. Les travaux préparatoires (renforcement de structures, curage de commerces, interventions sur la gare routière) ont démarré le 20 juillet 2020. Une première phase, relative aux travaux avec l’interface ferroviaire, devrait s’achever fin 2022. « Pour cette date, nous allons notamment réaliser le doublement des circulations verticales entre la gare souterraine et celle de surface », précise Aude-Landy Berkowtiz. Le calendrier prévoit ensuite la livraison de la reconfiguration du terminal transmanche pour la coupe du monde de rugby, en septembre 2023 ; puis celle de l’ensemble des espaces voyageurs pour les Jeux olympiques de 2024. « Ensuite, nous nous donnons six mois pour terminer les étages supérieurs. Nous sommes en train de recaler le planning. Si nous pouvons tout livrer pour juin 2024, nous le ferons », indique la présidente du directoire de la SA Gare du Nord 2024.
Le coût des travaux s’élève à 600 millions d’euros. Quant à l’investissement total, comprenant tous les frais annexes (aménagement des abords de la gare, frais financiers, taxes etc.), il s’établit à 900 millions d’euros.