Le parc Princesse du Vésinet, le quartier où les arbres sont restés rois
Inauguré fin juin, un nouveau quartier s’est créé sur l’ancien parc de l’hôpital de cette ville des Yvelines. Quelque 450 logements finissent de prendre place sur le site, mais en prenant soin de s’insérer dans le cadre paysager existant et remis en valeur par les urbanistes et paysagistes de l’agence TER.
Marie-Douce Albert
Réservé aux abonnés
0 of 7
Habité mais sauvage
Longtemps laissé à l’abandon, l'ancien parc de l'hôpital est devenu un site ouvert au public et habité, mais il conserve un caractère volontairement sauvage et ce, notamment afin de préserver sa biodiversité. Les tracés d’origine, en particulièrement le cheminement historique dit de la Serpentine, ont été conservés.
Simplicité des aménagements
L’aménagement de l’espace public repose aussi sur quelques ajouts : du mobilier urbain simple, des passerelles, de nouvelles plantations pour remodeler le bord des allées... Cette grande treille, réalisée par l'agence TER en mélèze et acier laqué, marque un passage étroit entre la clôture de l’hôpital et une nouvelle résidence. Ainsi, elle permet une mise à distance par rapport aux habitations.
Le sixième lac
Lors de la transformation des bois du Vésinet en lieu de villégiature, au XIXe siècle, le comte Paul de Choulot, le paysagiste du projet, avait prévu la création de six lacs. Seuls cinq cependant furent réalisés dans la ville. L’aménagement du parc de l’hôpital a été l’occasion de réparer ce manque avec la création du petit lac Princesse.
Entre les arbres
Sur ce site de 18 ha, 470 arbres ont été conservés et leur position a participé à déterminer les emprises constructibles, comme ici des logements conçus par les agences Lambert-Lénack (à gauche) et SOA (à droite) pour OGIC. Une des règles imposées aux architectes étaient de caler la hauteur de leurs bâtiments sur celle de la canopée.
Sans limites
Pour renforcer le caractère «parc habité» du site, les limites s'effacent entre l’espace public et privé. Ainsi les clôtures des résidences sont basses ou légères, comme devant l’opération de logements sociaux des architectes Dollé-Labbé, réalisés pour Efidis.
Libre expression
La maîtrise d’œuvre urbaine a laissé s’exprimer une architecture très contemporaine. Les seules prescriptions faites aux concepteurs des logements étaient de privilégier autant que possible la préfabrication dans un souci de protection du paysage existant et de faire en sorte que la logique constructive des bâtiments soit perceptible en façades. Ici les logements de Dream/Dimitri Rousel et Nicolas Laisné, pour Sogeprom.
Espaces grand public
Si le mur de clôture originel de l’hôpital et de son parc est resté en grande partie en place, des percées permettent d’ouvrir le nouveau quartier sur la ville. Ainsi l’esplanade Maurice-Denis se développe de part et d’autre de l’entrée de l’hôpital et offre un espace très polyvalent accessible à tous les habitants du Vésinet.
Il en allait de l’hôpital du Vésinet comme de toutes ces vastes emprises, qu'elles soient hospitalières, militaires ou bien industrielles, qui échappent au commun de la ville. Longtemps les habitants de cette commune des Yvelines ont vécu en ignorant ce qui se passait au-delà des murs de l’établissement. Aujourd’hui, alors que l’hôpital est toujours en fonctionnement, il a cédé son parc de 18 hapour qu’il devienne un nouveau quartier.
Alors que les travaux avaient été lancés en novembre 2018, sous la maîtrise d’ouvrage de Grand Paris Aménagement et suivis par le groupement de maîtrise d’œuvre urbaine constitué par l’Agence TER, les bureaux d’études VRD Soderef et environnemental Vizea, ainsi que Gautier Bicheron, architecte du Patrimoine, le site rebaptisé le parc Princesse a été inauguré fin juin, alors qu'il était en cours d'achèvement.
Equilibre écologique
L’agence TER, en charge également de la réalisation des espaces publics, a travaillé à permettre l’installation des besoins nouveaux en habitat – quelque 450 logements ont été construits ou sont encore en cours de réalisation – et d’équipements. Mais ces bâtiments neufs ou à venir apparaissent comme les invités d’un patrimoine historique et naturel précieusement conservé.
Michel Hössler, paysagiste cofondateur de TER, rappelle que «ce parc présentait les grandes caractéristique de la ville-parc du Vésinet [qui s’est constituée à partir du XIXe siècle pour offrir un lieu de villégiature proche de Paris, NDLR], faite de coulées vertes, de serpentines…» L’agence a donc œuvré à redessiner, voire à créer, des éléments de paysage dans l’esprit du XIXe siècle. Elle s'est aussi attachée à ne pas bouleverser l’équilibre écologique d’un espace de faune et de flore qui a prospéré au cours d'une longue période d’abandon.
Négocier avec l'existant
Ces principes ont donc amené à proscrire toute circulation automobile dans le quartier et à la reporter à la périphérie. Seules des voies d’accès aux parkings souterrains des logements ont été aménagées. Quant aux constructions neuves, elles ont été positionnées en fonction du paysage existant : les bâtiments ont dû négocier avec les arbres. «Chaque sujet avait été modélisé pour créer un maquette 3D, une sorte de "BIM végétal" qui a été transmis aux architectes», explique Adrien Leduc, architecte-urbaniste de l’agence TER.
Désormais accessible à tous, le parc Princesse profite grandement de cette remise en scène intelligente du déjà-là. A l’opposé d’autres zones d’aménagement, il n’apparaît pas comme un quartier complètement neuf, qui aurait semblé un corps étranger dans la ville. Il est une réelle extension du Vésinet.
Découvrez le témoignage de Sandrine Porterie qui nous partage son parcours au sein du Groupe et nous plonge au cœur de l’agence d’Aix-en-Provence qu’elle dirige aujourd’hui.