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Trois semaines après la présentation officielle de la 18e Biennale internationale d’architecture de Venise (Italie) par sa commissaire générale Lesley Lokko, la France a dévoilé le contenu de son pavillon qui ouvrira, comme la Mostra, du 20 mai au 26 novembre 2023. L’équipe pluridisciplinaire sélectionnée par l’Institut français s’est expliquée sur la forme et sur le fond du projet, maquettes et bruitages à l’appui, lors d’un grand oral organisé le 14 mars dans l’amphithéâtre d’honneur des Beaux-Arts à Paris (VIe).
«Nous avons fait le pari d’une architecture, et pas d’une exposition, pour être dans la prospective et non la rétrospective», affirme d’emblée l’architecte Gilles Delalex, associé à Yves Moreau au sein du Studio Muoto. Ensemble, avec le scénographe Georgi Stanishev, ils sont les commissaires du pavillon de la France cette année. Leur idée : construire une structure hémisphérique en métal à l’intérieur du bâtiment néoclassique situé dans les Giardini de la Biennale. A l’image du globe terrestre, celle-ci se compose de méridiens et de parallèles réalisés à l’aide de platines d’acier boulonnées entre elles.
Quête d’émancipation
L’installation, d’environ 9 mètres d’envergure, s’appelle «Ball Theater, la fête n’est pas finie». Son nom, traduit de l’anglais, se réfère à la forme sphérique d’une balle, mais aussi à la culture historique des bals née dans les années 1930 à New York (Etats-Unis). Ces derniers constituaient alors des lieux à la fois de danse et de résistance pour les communautés LGBT latino et afro-américaines faisant face à l’homophobie et au racisme.
Le Ball Theater créé pour le pavillon français à Venise s’inspire de cette quête d’émancipation collective. «Le théâtre est un laboratoire d’espace, d’imaginaire et de questionnement, qui explore notre manière d’habiter le monde aujourd’hui et demain», souligne Jos Auzende, commissaire associée. Sa structure, tantôt scène, tantôt gradins, invite le public à participer à la réflexion. Des ateliers s’y dérouleront, une semaine par mois, autour de sujets aussi divers que la révolution, le son ou le «voguing», une danse qui ouvrira littéralement le bal en tout début de Biennale.
Environnement sonore
En dehors de cette programmation, les visiteurs ne verront rien… Ils entendront. Des haut-parleurs intégrés à l’installation diffuseront en permanence des sons qui rebondiront dans tout l’espace du pavillon, suivant une programmation évolutive reliée à un dispositif d’intelligence artificielle. «Cet environnement sonore fait de voix plongera les visiteurs dans une forme de proto-langage, en amont de la compréhension, décrit le scénographe Georgi Stanishev. Elle les engagera dans une écoute lente et une découverte progressive.» Le compositeur Cédric Marszewski et les ingénieurs Alain Français et Thomas Fourny en sont les concepteurs.
Georgi Stanishev compare le Ball Theater à «une capsule temporelle où l’on aura envie de s’arrêter, fermer les yeux et voyager avec le son». Avec l’équipe du pavillon français, il estime que «l’utopie n’est possible que si l’on se met momentanément en retrait de la culture établie». Selon lui, il faut «s’extraire de notre monde saturé d’images pour pouvoir projeter d’autres possibles». Telle est donc l’interprétation de la France au thème général de la Biennale d’architecture de Venise 2023 proposé par Lesley Lokko : «Le laboratoire du futur.»
