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L’architecte japonais Arata Isozaki, septième samouraï des Pritzker

Le 46e lauréat du prix décerné par la Fondation Hyatt célèbre à nouveau l’architecture nipponne. Mais c’est en France, au château de Versailles, qu’Arata Isozaki, architecte prolifique, se verra remettre prochainement la prestigieuse médaille.

Le Pritzker 2019 salue l’œuvre d’un « visionnaire ». Le 5 mars, la fondation américaine Hyatt a annoncé qu’elle remettrait sa 46e médaille à l’architecte japonais Arata Isozaki. Cette prestigieuse récompense, souvent assimilée à un « Nobel de l’architecture », est ainsi décernée à un bâtisseur prolifique, dont la carrière s’étend sur six décennies, ainsi qu’un urbaniste et un grand théoricien. Pour la septième fois, le prix met en exergue l’excellence de l’architecture de l’archipel nippon. En effet, Arata Isozaki succède à celui qui fut son maître, Kenzo Tange, le lauréat de l’année 1987, mais aussi à Fumihiko Maki (1993), Tadao Ando (1995), l’agence Sanaa (2010), Toyo Ito (2013) et Shigeru Ban (2014). Le lauréat se verra remettre son prix, d’ici à quelques mois, lors d’une cérémonie au château de Versailles.

Pour les membres du jury du Prix Pritzker, Arata Isozaki, « tout en épousant les idées de l’avant-garde, ne s’est pas cantonné à un statu quo, mais s’est mis en quête d’une architecture pleine de sens. Cette recherche se reflète dans des édifices qui, jusqu’à aujourd’hui, défient toute classification stylistique (…) et représentent toujours une approche neuve. » Doté d’une profonde connaissance de l’histoire architecturale, l’homme a su ériger des bâtiments d’apparence géométrique simple mais conciliant la théorie et les objectifs concrets du projet. Cet architecte, auteur de plus d’une centaine de réalisations, a été l’un des premiers parmi ses concitoyens à mener des projets hors de l’archipel. Arata Isozaki, qui avait vu son pays ravagé par la Seconde guerre mondiale, est apparu au jury comme un artisan du dialogue entre l’Asie et l’Occident.

« Rebâtir »

Né en 1931 à Ōita, sur l’île de Kyushu, Arata Isozaki avait 14 ans à la fin de la guerre. « Alors que j’étais assez grand pour commencer à comprendre le monde, ma ville natale a été dévastée, raconte-t-il. Et sur la rive opposée [sur l’île de Honshu, NDLR], la bombe atomique avait été lâchée sur Hiroshima. J’ai ainsi grandi près de l’épicentre. Tout n’était que ruines ; il n’y avait pas d’architecture, pas de bâtiment et même pas de ville. Ma première expérience architecturale fut le vide architectural et j’ai commencé à réfléchir à la façon dont les gens pourraient rebâtir leurs foyers et leurs villes. »

Diplômé du département d’architecture de la faculté d’ingénierie de l’Université de Tokyo en 1954, Arata Isozaki a complété son apprentissage auprès de Kenzo Tange. En 1963, il a créé son agence alors que l’occupation des Alliés s’était achevée et que le Japon, à nouveau souverain, entrait dans une ère de reconstruction. Arata Isozaki réalisa alors de nombreux bâtiments localement, en particulier à Ōita, sa ville natale, avant d’étendre son activité jusqu’à Osaka et Tokyo. Puis il commença à acquérir une dimension internationale dans les années 1980, avec un premier projet aux Etats-Unis, le musée d’art contemporain de Los Angeles.

Au-delà de cette œuvre conséquente, le jury du Prix Pritzker souligne qu’Arata Isozaki a su acquérir la reconnaissance et l’estime de ses pairs pour son travail théorique, transmis par ses écrits critiques, mais aussi pour son soutien indéfectible aux jeunes générations d’architectes à travers le monde.

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