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Iter : une opération de levage inédite et à haut risque

La construction du projet Iter a franchi une étape décisive avec la mise en place du premier module de la chambre à vide qui accueillera la réaction de fusion nucléaire.

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Il a fallu plus d’un an pour préparer l’opération qui s’est déroulée sur deux jours, les 11 et 12 mai, sur le chantier d’Iter, à Cadarache (Bouches-du-Rhône). Cruciale, inédite, celle-ci consistait à installer le premier module de la chambre à vide, ou chambre toroïdale, dans laquelle se produira la fusion, libérant une énergie colossale. Le défi était de taille : d’abord, extraire de son portique d’assemblage une pièce de 18 m – l’équivalent d’un immeuble de six étages – et près de 1 200 tonnes puis la faire passer au-dessus du mur séparant le hall d’assemblage et le puits qui accueillera la chambre à vide, enfin la descendre dans celui-ci pour le positionner sur ses supports avec une marge d’erreur inférieure au millimètre.

Records de virtuosité

Chacune de ces opérations a été réalisée avec des marges extrêmement faibles : seulement 4 cm d’espace entre la pièce et son portique lors de l’extraction, 7 cm avec la colonne lors de la descente et 20 cm lors du passage au-dessus du mur de béton, obligeant les opérateurs du pont roulant à des records de virtuosité. Ceux-ci ont été rendus encore plus nécessaires par l’inévitable effet de balancier qui réduisait encore la marge lors de certains passages. Le module a finalement été posé sur ses ancrages à la base et au sommet du tokamak, la machine qui abritera la chambre toroïdale. Des systèmes hydrauliques viendront ensuite ajuster sa position définitive. « Cette précision extrême était la grande difficulté de cette opération », explique-t-on chez Iter Organization, où l’on souligne l’étroite coordination nécessaire à ce succès. Une cinquantaine de personnes appartenant à différentes entités du monde du nucléaire (Ansaldo, Endel, Orys) et du levage (Foselev) sont intervenues le jour J.

Une deuxième module posé cet automne

Ce premier module sera suivi de huit autres jusqu’à ce que la chambre à vide soit complète. Il se compose d’un secteur de la chambre en forme de lettre D associé à deux aimants supraconducteurs, destinés à produire le champ magnétique qui créera et confinera le plasma – le gaz constitutif du Soleil –, ainsi qu’à leurs boucliers thermiques qui limiteront les transferts de chaleur entre ces aimants et la chambre.

La plupart de ces éléments ont été fabriqués en Corée et au Japon, deux des sept partenaires du projet Iter avec l’Union européenne, la Chine, l’Inde, les Etats-Unis et la Russie. Le deuxième module a déjà été livré par la Corée et se trouve en phase de pré-assemblage. Dès son installation, prévue pour l’automne, il sera soudé au premier avec en perspective, les premières expériences sur le plasma, envisagées pour 2026, tandis que le début du fonctionnement à pleine puissance devrait démarrer dix ans plus tard. 

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