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Exposition : avec Philippe Chiambaretta, les Champs-Elysées entrent en campagne

Mandatée par le Comité des Champs-Elysées pour mener une étude sur le devenir de la grande avenue parisienne, l’agence PCA-Stream livre son diagnostic et ses pistes du 14 février au 10 mai au Pavillon de l’Arsenal.

Avertissement, les propos qui vont suivre peuvent heurter les âmes sensibles : «les Champs-Elysées ne sont plus la plus belle avenue du monde».

En ce matin gris du 13 février dans les espaces du Pavillon de l’Arsenal, l’homme qui, d’une phrase, lamine la réputation d’un des fleurons de Paris est l’architecte Philippe Chiambaretta.

Peut-on lui reprocher ce crime de lèse-symbole quand même le puissant Comité des Champs-Elysées, qui réunit quelque 180 occupants de l’artère du VIIIe arrondissement dont ses enseignes de luxe et ses propriétaires, partage le même constat ? Bref, les Champs-Elysées, c’est plus ce que c’était. Et il faut que ça change. Justement le diagnostic des maux comme les possibles remèdes sont tout l’objet de l’exposition qui se tiendra au centre d’information sur l’architecture et l’urbanisme de Paris, du 14 février au 10 mai 2020.

Trouver le moyen de redorer les étoiles des Champs-Elysées, voilà un moment que le Comité y travaille. «Nous avions organisé un premier colloque il y a six ans avec l’architecte Jean-Paul Viguier et en 2018, nous avons confié une mission de réflexion à son confrère Philippe Chiambaretta», explique son président Jean-Noël Reinhardt. Le mot d’ordre pour PCA-Stream, pour ne pas dire la gageure, est donc de « réenchanter » l’avenue.

La mesure du désamour

Après 18 mois de travaux, associant quantité d’experts, et un million d’euros déboursés par le Comité et ses partenaires, tant pour mener les recherches que pour monter l’exposition, le public découvrira ce qu'il pourrait advenir de l’avenue à l’horizon 2030. Il s'étonnera peut-être surtout de ce qu’elle est réellement devenue. Car l’étude a permis de sonder avec exactitude la profondeur du désamour des Parisiens. S'il est coutume de dire qu’ils ne vont jamais « sur les Champs », l’exposition prouve à quel point c’est tristement vrai.

Sur 100 personnes qui arpentent les lieux, 56 sont des touristes étrangers et 12 des touristes français, tous encore attirés par les lumières de la ville. Mais 17 sont là par obligation car ils y travaillent et quatre autres rentrent chez eux puisqu’ils résident dans le quartier. En revanche, on ne croisera pas plus de cinq Parisiens qui sont vraiment venus pour le plaisir de la promenade.

L’état des lieux, établi à grands renforts de datas, dresse encore le portrait d’une avenue bruyante, polluée (140 jours par an, l’avenue l’est plus que le périphérique), atrocement chère et coupée en deux parties : le haut, envahi par des enseignes qu’on peut fréquenter partout ailleurs dans le monde, et le bas et ses jardins piteux.

A ce désastre presque banal dans les grandes métropoles, Philippe Chiambaretta et ses équipes opposent des solutions finalement assez simples, de bon sens : une voirie divisée par deux, un revêtement de sol bien moins sonore que les pavés ; des arbres en plus et surtout plus de pleine terre pour que les alignements en place s’épanouissent davantage ; un cheminement piéton repensé de la Concorde à l’Etoile pour rendre la promenade comme les pauses en terrasse plus agréables et des jardins réaménagés… Et de vrais, beaux jeux pour enfants, histoire de convaincre les familles que, si, aller sur les Champs, ça peut être sympa.

Avec prudence, Philippe Chiambaretta ne manque pas de rappeler qu’il s’agit « non pas d’un design mais d’une méthode ». Cela n’empêche pas de se faire une opinion sur son étude. D’ailleurs, tout un chacun est invité à le faire, en ligne, via la plateforme Make.org. Et comme il n’aura échappé à personne que l’exposition ouvre alors que la campagne pour les municipales bat son plein, l’étude a également été soumise aux « cinq candidats principaux » en lice pour la mairie de Paris ou à leur représentant. Leurs réactions ne sont pas présentées au Pavillon de l’Arsenal, puisque cette institution dépend de la Ville. Mais quelques minutes de vidéo en ligne permettent de jauger leur degré d’enthousiasme. «Ils se sont dits en phase avec le projet, assure Jean-Noël Reinhardt. Alors il faudra que celui ou celle qui sera élue, s’en souvienne. La vision que propose Philippe Chiambaretta montre en effet que le statu quo est impossible.»

« Champs-Elysées – Histoire et perspective », du 14 février au 10 mai 2020 au Pavillon de l’Arsenal, 21 boulevard Morland 75004 Paris. pavillon-arsenal.com

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Date de réponse 16/10/2025