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Après l’éolien, c’est au tour du solaire de larguer les amarres. « Le photovoltaïque est l’énergie renouvelable la moins chère à produire mais il consomme du foncier. Nous avons donc entrepris de le transposer dans le domaine maritime où il est possible d’atteindre une large échelle en occupant une infime portion de l’espace » explique Antoine Retailleau, cofondateur et directeur opérationnel de SolarInblue.
Au terme de 3 ans de R&D, la start-up montpelliéraine a fait entrer dans le concret sa technologie brevetée de photovoltaïque flottant offshore. Deux modules de son démonstrateur, fabriqué et assemblé sur le port de Sète (Hérault), ont été mis à l’eau le 17 mars. Courant mai, ils seront remorqués à 1,5 km au large et à 15 mètres de profondeur. Après installation du câble d’export sous-marin, 23 autres unités seront installées sur 0,5 ha, d’ici à fin 2023. Le parc, destiné à alimenter les infrastructures portuaires, aura alors une puissance de 300 kWc pour une production estimée à 400 MWh/an.
Economique et écologique
Chaque unité mesurant 12 m x 10 m est composée d’un flotteur en polyéthylène haute densité recyclé, surmonté d’une structure en treillis d’acier galvanisé traité marine qui soutient des panneaux solaires à 3,5 mètres au-dessus de l’eau. L’ensemble est arrimé au fond de l’eau. « Notre système innovant repose sur des ancres hélicoïdales associées à un ancrage tendu qui consomme moins de 1 m2 carré par flotteur, pour une faible incidence sur les fonds marins. Placés à une hauteur qui rend leur impact visuel nul, les panneaux solaires sont protégés des vagues tout en laissant passer 40 % de la lumière au bénéfice de la vie marine » précise Antoine Retailleau.
Décrit comme « léger, éco-conçu pour durer 30 ans, recyclable à 95 %, pouvant être assemblé et dupliqué facilement », le tout résiste à des creux de 12 mètres et à des vents de 200 km/h. « Nous offrons le meilleur compromis technico-économique entre des approches massives inspirées des plates-formes offshores et des structures minimalistes bon marché mais peu robustes » estime Aurélien Croq, directeur général et directeur du développement de SolarinBlue.
Eolien compatible
L’entreprise espère se positionner d’ici à trois ans comme un leader mondial de cette filière naissante, en intégrant toute la chaîne de valeur. En ligne de mire : les sites portuaires, les systèmes insulaires, ainsi que les zones côtières où vit 60 % de la population mondiale. « Au-delà de 10 MW, nous nous rapprocherons de développeurs en agissant comme fournisseur de technologie » précise Aurélien Croq.
Avec la perspective d’une levée de fond prochaine, SolarinBlue a déjà obtenu le permis d’une centrale de 1 MW en Inde et porte un projet de 5 MW en Europe. A l’horizon 2030, elle espère atteindre les 50 gigawatts et un tarif de l’électricité de 50 euros/MW, inférieur à celui de l’éolien offshore dont elle se veut complémentaire… En partageant le même raccordement.
SolarinBlue
Cette start-up créée en 2019 par Armand Thiberge est accompagnée par deux incubateurs (le BIC de Montpellier et Innovosud Béziers) et labellisée par le pôle mer Méditerranée et le pôle Derbi. Son projet, baptisé Sun’Sète, représente un investissement de 2,5 millions d’euros, dont la moitié abondée par l’Ademe et l’association Evolen.