Que s’est-il passé depuis le rendu de la consultation des équipes d’architectes-urbanistes et l’exposition des propositions à la Cité de l’architecture en avril 2009 ?
La consultation a eu, à mon sens, un effet majeur qui a été le déblocage des relations entre l’État et les collectivités locales. Initiée par le Président de la république, cette réflexion inédite sur l’avenir de la capitale à 20 ou 30 ans a eu un effet déclencheur dans les collectivités locales, notamment sur certains sujets qui étaient tabous, comme par exemple la densification des quartiers pavillonnaires, indispensable si l’on veut faire une ville plus compacte. À la suite de la consultation, beaucoup de villes ont appelé les équipes d’architectes-urbanistes pour lancer des diagnostics, des études urbaines… Pour notre part, nous travaillons aujourd’hui à l’est sur la cité Descartes à Marne-la-Vallée et à Clichy-Montfermeil, au nord-ouest à Asnières, ville qui accueillera trois stations de Grand Paris Express, et au sud à Evry où nous allons rénover l’ensemble du Parc aux lièvres en profitant des délaissés de la Nationale 7 mis en évidence lors de la consultation.
Quels sont pour vous les enjeux urbains majeurs du Grand Paris pour les 20 ans à venir ?
Le premier est la transformation du rapport ville-nature. On doit éviter de toucher aux terres agricoles, faire jouer la biomasse. On avait recensé 20 000 ha de délaissés urbains dans l’agglomération parisienne, en grande partie publics : ce foncier existe, il faut seulement le débloquer avec un urbanisme plus attentif. Il faudra sans aucun doute passer d’une civilisation à dominante routière à une civilisation vraiment urbaine. Ce qui veut dire mettre des transports publics sur les autoroutes des villes, réduire la vitesse à 70 km/h et ainsi dégeler la bande de foncier de 100 mètres de large de part et d’autre de l’infrastructure.
Comment travaillez-vous au sein de l’AIGP ?
Aujourd’hui l’AIGP fonctionne un peu comme un club. On s’est réuni une dizaine de fois, on a rencontré les élus, on a fait un premier séminaire sur les transports et un deuxième sur le logement. Mais il faudrait que l’AIGP gagne en visibilité et devienne un vrai lieu de débat sur les projets en incluant un acteur aujourd’hui trop absent : le public.