Avec ses façades miroirs lisses cachant sa structure et ses étages, ainsi que ses bow-windows aux arêtes nettes, la tour Cristal (27 364 m² SP) était le symbole d’une esthétique architecturale des années 1980. Livrée en 1990 par Julien Penven (1926-2012) et Jean-Claude Le Bail (1929-2009), elle clôt l’opération du Front de Seine (XVe arrondissement) sans reprendre le style de ses prédécesseuses des années 1960 et 1970 (tours à modules et taille de guêpe), mais elle présente l’avantage d’être directement accessible depuis le quai de Grenelle. Fin 2020, la société immobilière américaine Tishman Speyer la rachète et en confie la transformation aux agences danoise BIG et française Béchu & Associés. Renommée « The Circle », la tour de 28 étages haute de 100 m sera toujours dédiée à des bureaux, mais profitera d’une lumière naturelle généreuse, d’un véritable confort thermique et divisera par six sa consommation énergétique. « La mairie de Paris ne souhaitait pas d’un objet singulier qui s’extraie du paysage mais préférait un projet qui s’inscrive dans l’écriture du quartier », éclaire Benoît Delacour, directeur général design et construction chez Tishman Speyer.
Brise-soleil structurels en béton.
Accompagnée par les ingénieurs de Khephren, l’équipe a cherché à conserver au maximum la structure. Après dépose intégrale des façades, dont les vitrages réfléchissants, très foncés, dissimulaient une substantielle coque en béton et de petites fenêtres, le ratio ouverture/ fermeture est inversé afin d’obtenir un bâtiment vitré aux deux tiers contre un tiers à l’origine. La transmission lumineuse passera quant à elle de 30 à 70 %. Mise au point avec le bureau d’études DVVD, l’enveloppe sera à la fois plus vitrée et plus performante.
« Pour avoir une façade très transparente mais protégée de la chaleur, nous avons prévu une double peau et ajouté des brise-soleil dans les vides du plan cruciforme initial, en faisant ressortir visuellement les creux et les pleins », explique l’architecte Jakob Sand, en charge du projet chez BIG. Construits un étage sur deux et en quinconce, ces brise-soleil structurels en béton laisseront les rayons pénétrer généreusement les plateaux en hiver, mais les bloqueront en été. Ils seront partiellement végétalisés et permettront également par du free cooling de rafraîchir davantage les bureaux.
Avec ses 12 facettes, la tour affichera une façade rythmée par des cadres en aluminium à coupes d’onglet. « Notre design est contemporain, mais rentre parfaitement dans le langage modulaire du Front de Seine », analyse l’architecte danois. L’accueil sera abrité dans un nouveau volume vitré s’alignant sur la rue et s’élevant jusqu’au niveau de la dalle. Afin de rendre plus agréable le quotidien des employés, le restaurant d’entreprise passera du sous-sol au premier étage et un niveau qui accueillera des services sera aménagé au sommet avec un accès au toit-terrasse végétalisé. « Une tour de bureaux doit vivre avec son temps et correspondre à l’image des entreprises d’aujourd’hui qui revendiquent une totale transparence », insiste Benoît Delacour.
La fin du gros œuvre est prévue pour septembre et la livraison au printemps 2026.