Reconnaissons à Trétiack ce mérite : il ne s’exprime jamais avec autant de verve que lorsqu’il parle... de lui-même. Narcissique en diable, qui mieux que lui saurait nous raconter par le menu ses aventures de globe-trotter persillées d'anecdotes invraisemblables?
Quinze ans après son célèbre pamphlet «Faut-il pendre les architectes?», Trétiack publie ici cinquante-six récits, comme autant de prétextes un brin loufoques à des «règles d'architecture» aux allures d’aphorismes qui font mouche : «En architecture la compétition phallique continue», «L’architecte qui réussit est toujours un paranoïaque», «La villa Sam Suffit est l’horizon architectural des narcos» ou bien encore «On peut sortir Jean Nouvel du Lot-et-Garonne, on ne sortira jamais le Lot-et-Garonne de Jean Nouvel» sans oublier que «Le patrimoine est à l'architecture, ce que le film en costume est au cinéma».
De l’Iran à la Chine, de Beyrouth à Rio, des îles grecques au Texas, Trétiack parcourt la planète avec un panache certain, et pour notre plus grand plaisir. L’ouvrage est à l'image de son auteur, volubile, pétillant, léger, snob, volontiers égotiste et somme toute amusant. Pourquoi se priver d’embarquer aux côtés de cet aimable compagnon de voyage?
«L'architecture à toute vitesse, 56 règles glanées autour du monde», par Philippe Trétiack, 304 pages, 19 euros, aux éditions du Seuil.
