Drôle de paroissien que ce Jean-Jacques Lequeu... Fils d’un menuisier de Rouen et formé au siècle des Lumières, Lequeu voit son destin bouleversé par la Révolution. Contraint à un emploi de bureau subalterne de dessinateur, il poursuit obstinément une œuvre solitaire : architectures de papier, masques grimaçants, fabriques anglo-chinoises, paysages imaginaires, tableaux érotiques, représentations anatomiques crues, etc.
Six mois avant de disparaître dans la misère et l’oubli le plus total, il lègue à la Bibliothèque royale plusieurs centaines de dessins qui composent une œuvre graphique hétéroclite et singulière… Inconnu de son vivant, Lequeu est redécouvert au milieu du XXe siècle par l'historien viennois Emil Kaufmann (1851-1953) qui le rapproche de ses confrères Etienne-Louis Boullée (1728-1799) et Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) pour les fédérer sous le vocable "d’architectes révolutionnaires".
Sans doute davantage visionnaire que révolutionnaire, Lequeu fait l’objet, dans les années 1980, d’une thèse de doctorat de l’architecte et historien Philippe Duboÿ (né en 1942) qui épaissit un peu plus le mystère qui entoure le personnage en suggérant, notamment, une manipulation de son leg par un certain mystificateur de génie, Marcel Duchamp (1887-1968), autre Rouennais expert en supercherie…
Une exposition à voir au Petit Palais (Paris), jusqu’au 31 mars 2019 - Et pour en savoir plus...