«Valoriser l'eau pluviale dans la démarche du projet urbain»

Thierry Maytraud : Urbaniste et ingénieur à la direction de l'eau et de l'assainissement du conseil général de Seine- Saint-Denis

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Depuis des années, le conseil général de Seine-Saint-Denis incite les responsables de l'aménagement urbain à limiter les rejets d'eaux pluviales dans le réseau primaire d'assainissement dont il est propriétaire et gestionnaire. La culture d'ingénierie des VRD conduit souvent à des systèmes très lourds et coûteux. Par ailleurs, les aménageurs investissent fréquemment dans des ouvrages mal adaptés car trop sophistiqués, coûteux et difficiles d'entretien. Des ouvrages dont la pérennité n'est pas assurée.

Cependant des démarches alternatives se développent depuis quelques années. Exemple, le département de Seine-Saint-Denis qui a mis en place, il y a déjà une dizaine d'années, diverses actions visant à maîtriser le ruissellement à l'amont, en termes de rétention, d'infiltration et de dépollution. En 2004, les trois quarts des 40 nouvelles opérations d'aménagement du département seront dotées de techniques alternatives intégrées au paysage.

Les aménageurs n'ont ainsi plus comme seule obligation de respecter en sortie du site le débit défini par la DEA ou par la loi sur l'eau. Ils doivent dorénavant privilégier des techniques permettant le maintien, le plus longtemps possible, de l'eau pluviale en surface, en utilisant par exemple le cheminement de l'eau pour calepiner les places, ou en utilisant des caniveaux pour structurer les espaces publics. Une approche esthétique, pédagogique et ludique est à la clef de cette démarche. On prône l'idée de modelé urbain qui s'inondera en cas de fortes pluies. On est davantage dans une démarche de gestion du risque qu'auparavant. La pluie décennale a beau créer des inondations importantes en Ile-de-France, elle ne représente en fait qu'une hauteur d'eau précipitée de 36 mm, à l'endroit où elle tombe. Aussi, dans chaque plan de masse, il y a toujours le moyen de stocker de l'eau pluviale sans trop de surcoût.

Or les bureaux d'études en VRD ne sont généralement pas formés à cela. Il s'agit d'une nouvelle discipline, mêlant hydrologie et paysage, et qui relève du monde de l'urbanisme et de l'architecture. Les eaux pluviales doivent être affirmées et valorisées, jusqu'à devenir identité du site, icône du projet.

En Seine-Saint Denis où la culture de l'eau n'est pas très présente, il y a vraiment un fort enjeu urbain à sensibiliser à ces questions les professionnels de l'aménagement mais aussi la population. C'est pourquoi nous travaillons aussi sur la reconquête d'anciennes rivières comme le rû d'Arra, à Villetaneuse, ou la découverture de la Vieille Mer, à Saint-Denis.

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