Urbanisme : un développement dans le sens du courant

Près de Grenoble, l'aménagement de la ZAC des Portes du Vercors démarre. Fondé très tôt sur la redécouverte de l'eau vive, le projet a été peu modifié par le nouveau PPRI du Drac.

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La réouverture du cours d'eau participera à la création d'une trame paysagère et hydraulique qui accompagnera les usages piétons.

Quand on adosse un projet à la géographie, on ne se trompe pas. L'urbaniste Vincent Marniquet pourrait ajouter que suivre le sens du paysage aide à résister au temps, ainsi qu'aux variations réglementaires. Alors que l'agence Marniquet Auboin travaille depuis quatorze ans sur le plan d'aménagement du secteur des Portes du Vercors, à Fontaine (Isère), la première phase opérationnelle qui vient d'être engagée est fondée sur un principe de valorisation de l'eau vive qui n'a jamais varié.

Dans cette commune qui regarde Grenoble depuis la rive ouest du Drac, la ZAC portée par l'aménageur Elegia-Isère Aménagement et créée en 2013 couvre un périmètre de 100 ha dont une zone commerciale et d'activité en déshérence qui sera transformée en quartier d'habitation. La première tranche du projet porte sur la construction d'environ 550 logements sur 10 ha.

Gérer les crises de l'eau. « A Fontaine, le cours de la Petite Saône est busé mais la capacité de l'infrastructure était devenue insuffisante. Dès le départ, la remettre au jour pour mieux guider les flux a paru logique », raconte Vincent Marniquet. Il rappelle cependant que la gestion du risque n'était, à l'origine, pas un impératif. Contrôler l'eau et gérer ses crises fait pourtant partie de l'histoire de l'agglomération de Grenoble, pincée entre des massifs montagneux, à la jonction du Drac et de l'Isère.

Jusqu'à récemment, ce fut surtout un domaine réservé de l'ingénierie. Adopté en 2023 par l'Etat, le nouveau Plan de prévention des risques naturels d'inondation (PPRI) du Drac est pourtant parti de l'hypothèse que la technique pouvait faillir. « Le document prend en compte une possible rupture de digues. Sur une commune comme Fontaine, il faut désormais réfléchir sur la base de scénarios du pire et de la capacité à y résister », explique Jean-Yves Porta, élu délégué aux risques naturels et technologiques au conseil de Grenoble Alpes Métropole.

Le vice-président de la collectivité chargé de la stratégie foncière, de l'urbanisme et du PLUi, Frédéric Bustos, insiste : « Toutes nos politiques publiques sont orientées autour de l'eau et de notre résilience. Des événements comme ceux survenus à La Bérarde [ce hameau de l'Isère a été dévasté par une crue en juin dernier, NDLR] nous ont évidemment traumatisés et nous savons que nous restons une terre de risques. Mais notre responsabilité est aussi de maintenir la dynamique de notre territoire et de permettre la poursuite de son développement. »

Aucun stationnement souterrain. La métropole adoptera la révision du PLUi pour les 17 communes concernées par ce nouveau PPRI fin 2025, mais les directives de ce dernier sont déjà prises en compte dans l'amorce de l'aménagement des Portes du Vercors. D'autant que « la phase 1 porte sur la zone la moins inondable et sur un secteur où l'aléa est faible. Sur ce dernier, aucun stationnement souterrain n'est autorisé et un parking silo sera construit », explique Emmanuel Vigroux, chef de projet pour Elegia-Isère Aménagement. Surtout, ce nouveau cadre davantage fondé sur les mouvements naturels de l'eau a confirmé la nécessité de redécouvrir la Petite Saône. Les travaux qui permettront de la débuser sur 600 m ont commencé cette année.

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Le débusage de la Petite Saône sur 600 m facilitera l'expansion de ses eaux en cas de crue.

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