Urbanisme : les élus parisiens débattent du Paris de 2020

Les élus parisiens auront la lourde tâche lundi de dessiner le Paris de 2020, à l'occasion de l'examen, en Conseil de Paris, d'un Plan local d'urbanisme qui divise fortement la majorité de gauche sur la densité bâtie et la proportion de bureaux.

Dans une des villes déjà les plus concentrées du monde, sur une surface exiguë de 105 km2, où le terrain est rare et cher, la question de la densité est cruciale pour pouvoir répondre à la forte demande de logements, notamment de logements sociaux, mais aussi maintenir des immeubles pour les activités économiques.

Selon l'architecte et urbaniste Eric Lapierre, c'est cet équilibre qui conditionne l'avenir. "Le bureau rapporte la taxe professionnelle et si on n'en a plus, ça veut dire que la fiscalité augmente très fortement, que les pauvres partent, qu'on ne peut pas faire de logement social", explique-t-il.

Pour atteindre cet équilibre, les 72 opérations d'aménagement planifiées prévoient une répartition de 50% pour les différentes formes d'activité, un peu plus de 30% pour le logement et 18% pour les équipements.

Selon Jean-Pierre Caffet (PS), adjoint au maire chargé de l'Urbanisme, cela doit permettre de "stabiliser la population dans sa diversité", "produire 3.500 logements nets par an" et "reconquérir les emplois perdus" (- 150.000 entre 1990 et 2000)

Mais les Verts parisiens estiment qu'il faut "plus de logements et moins de bureaux". Ils veulent "50% pour le logement, dont 2/3 de logements sociaux, 30% pour l'activité et 20% pour les équipements". Pour le président du groupe Verts, René Dutrey, c'est là "la dernière chance de maintenir la mixité" dans la capitale.

Les élus écologistes, dont l'appoint est nécessaire à l'adoption des projets de la majorité municipale, menacent donc de voter contre le PLU, comme ils l'ont déjà fait dans plusieurs arrondissements.

Un "diktat" que dénoncent les communistes, autre composante de la majorité municipale, pour qui "aménager la ville avec une seule priorité, le logement", serait une "solution ruineuse pour l'avenir".

Estimant possible d'accepter une surdensité "en faveur du logement social et du logement de haute qualité environnementale", ils proposent la construction de 5.000 logements publics annuels, et n'excluent pas de modifier le PLU pour permettre d'édifier des immeubles d'une hauteur de 50 mètres. Actuellement le texte ne prévoit pas d'aller au-delà de 37 mètres, sauf exceptions à la périphérie de la ville.

Le maire UMP du 1er arrondissement, Jean-François Legaret, ironise sur ces dissensions, estimant que le maire (PS) Bertrand Delanoë "est pris entre la demande des Verts de maison individuelle avec une cabane au fond du jardin et celle des communistes qui veulent des immeubles style Berlin est".

Face aux risques pour la cohésion municipale, les groupes de la majorité de gauche ont entamé depuis le début de la semaine d'âpres négociations en vue d'aboutir à un compromis d'ici lundi.

Pour leur part, les élus UMP ont annoncé qu'ils voteront contre le projet estimant que les besoins des Parisiens ne sont "pas pris en compte". Quant à l'UDF, elle s'abstiendra, considérant que si le PLU "manque de souffle et d'ambition", cela "ne justifie pas un vote contre".

Le Conseil de Paris comprend 163 élus, dont 58 UMP, 52 PS et radicaux, 22 Verts, 13 UDF et NI, 11 PCF et 7 MRC.

Tristan Malle (AFP)

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