Le ministre du Logement, Louis Besson, a remis le 7 juillet le Grand prix national d'urbanisme à ses deux lauréats 1999 : Philippe Panerai, architecte, urbaniste et enseignant, et Nathan Starkman, centralien, directeur de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur). Deux lauréats, car cette année, le jury international réuni par la Direction générale de l'urbanisme et de la construction (DGHUC) avait dérogé doublement à la tradition : d'abord en décernant deux prix au lieu d'un, ensuite en distinguant non seulement un urbaniste libéral, mais aussi l'un de ceux qui oeuvrent au sein des structures techniques des grandes villes. Audace aussitôt sanctionnée par une virulente polémique contre le directeur de l'Apur, porteuse d'amalgames entre les choix politiques d'une part, et l'expertise professionnelle d'autre part. Au-delà de la personne de Nathan Starkman, tous les professionnels de l'urbanisme au service d'une collectivité locale ont pu se sentir blessés par cette campagne qui témoigne d'une vision réductrice de leur métier. Fort embarrassé, le ministère de référence de tous les urbanistes a placé le débat sur le terrain du professionnalisme et de l'indépendance du jury. Occultant du même coup un autre débat - sur la capacité d'un urbanisme d'îlot à porter les transformations de la ville contemporaine- qu'aurait dû engager la présence sur un même podium de Philippe Panerai, coauteur de « De l'îlot à la barre » (1) et de Nathan Starkman, principal artisan de la mise en oeuvre d'un urbanisme d'îlot à Paris.
(1) Paru pour la première fois en 1977, maintes fois réédité et traduit depuis, cet essai réhabilitait la notion d'urbanisme de tissu par opposition à l'urbanisme de tracé et de « geste » des années 60/70.
PHOTO : Nathan Starkman et Philippe Panerai, les lauréats 1999 du Grand prix national d'urbanisme.