Novarka, la co-entreprise créée à parts égales par Vinci Construction Grands Projets et Bouygues Travaux Publics, réalise actuellement l’enceinte de confinement qui sera placée au-dessus du réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine. Cette structure exceptionnelle, haute de 108 m, longue de 162 m et d’une portée de 257 m serait capable de recouvrir le Stade de France.
Mais c’est au-dessus du réacteur nucléaire endommagé que ce dôme sera placé pour l’isoler de son environnement et travailler à son démantèlement. C’est d’ailleurs pour cela que l’intérieur de cette structure sera équipé de ponts roulants qui serviront de moyen de levage aux futures opérations. Comment les installer ? Certes ce sarcophage n’est pas construit d’un seul tenant, son dôme sera hissé sur la partie inférieure, mais même pendant cette phase intermédiaire il faut monter à 30 m de haut. « Le travail s’effectue en sous-face. Il n’est donc pas possible d’utiliser des grues dont la flèche doit, par définition, surplomber le point de dépose », explique Frédéric Maslonka, responsable des projets spéciaux chez Fraco.
Cette entreprise spécialisée dans les plateformes autoélévatrices sur mâts avait été consultée par Novarka pour une utilisation classique de ses matériels : un moyen d’accès à l’enveloppe extérieure. Mais au fil des discussions l’idée a germé d’utiliser ce même matériel pour accéder au plafond. « Le défi consistait à amener des charges de plus de 5,5 t à 30 m de haut, sans aucune fixation ni au sol, ni latérale, tout en permettant à la plateforme de se déplacer pour assurer la pose des pièces sans interruption ». Partant de cette équation, Fraco a d’abord surdimensionné ses mâts. Ils restent au nombre de deux mais chacun est triplé pour leur assurer la rigidité suffisante. La plateforme, longue de 15 m, monte et descend le long de 6 crémaillères. La base, elle, est mobile. En position de travail elle est posée sur des vérins hydrauliques, qui se rétractent au moment du déplacement. Elle repose alors sur des roues et se déplace de manière autonome à l’aide d’une radiocommande.
Grâce à cette plateforme unique, les pièces des deux ponts roulants de 750 t chacun, alignés sur une longueur totale de 100 m, pourront être installées même pendant les mois d’hiver. Le cahier des charge, qui prévoie un fonctionnement possible par une température de -20 °C, n’a pas rebuté Fraco. Pour cause : l’entreprise québécoise est habituée à faire monter et descendre ses plateformes pendant les hivers canadiens, qui n’ont rien à envier à ceux d’Ukraine.