Premier itinéraire couvert par l’outil de signalement d’anomalies sur le réseau français des véloroutes et voies vertes, la Vélodyssée démontre autant l’efficacité que la marge de progrès en notoriété : 33 anomalies signalées en 2020 sur les 1200 km entre la Bretagne et la Cote basque ; 11,5 jours en moyenne pour leur prise en compte ; puis 16,5 jours pour leur résolution.
La Vélodyssée de la naissance
« Il reste tout un écosystème à mettre en place, avec sa gouvernance », commente Isabelle Guy, chargée de mission vélo au département des Pyrénées Atlantiques, partie prenante d’« Atlantic on bike », aux côtés de 18 partenaires issus de sept pays entre 2017 et 2020. L’association Vélo & Territoires a saisi l’opportunité de ce projet européen inscrit au programme transfrontalier Interreg pour lancer l’application en 2017 et 2018.
Confronté à une anomalie, le cycliste pointe le lieu cartographié dans l’application qui propose les catégories suivantes : signalisation, chaussée, travaux, mobiliers, espaces verts. L’internaute peut y insérer une photo et laisser son mail pour suivre la prise en compte et la résolution.
Les relais Véloscénie et Vélo Francette
Aussitôt, le système lance l’alerte auprès du réseau de gestionnaires d’infrastructures cyclables compétents dans un rayon d’1 km autour de l’anomalie pointée. La mise à jour en temps réel trace alors le suivi en quatre étapes : pris en compte, en cours, résolu et archivé. Dans le sens inverse, les maîtres d’ouvrage peuvent signaler leurs travaux de maintenance en cours ainsi que les itinéraires bis, pour faciliter l’organisation des cyclotouristes.
Opérateur du schéma national des véloroutes et voies vertes, Vélo & Territoires a déjà étendu l’outil à deux autres grands itinéraires : Véloscénie, qui relie Paris au Mont Saint-Michel, et Vélo Francette, entre Ouistreham (Calvados) et La Rochelle (Charente-Maritime) via Angers (Maine-et-Loire).
Interopérabilité
Le 30 juin, le déploiement national franchira une autre étape majeure, avec la mise en service de l’interface entre l’outil de Vélo & Territoires et celui du ministère des Sports : l’application Suricate (du nom d’un mammifère surnommé la « sentinelle du désert »), qui couvre toutes les randonnées répertoriées par le pôle national Sports & Nature, y compris les véloroutes et voie vertes. « La mise en service de l’interface précédera une phase de resetage qui devrait s’achever avant la fin de l’été », espère Camille Thomé, directrice de Vélo & Territoires.
L’articulation entre les échelles nationale et locale prend tournure dès ce printemps : « A partir du 27 avril, toutes les départements et établissements publics de coopération intercommunale pourront s’adresser à Vélo & Territoires pour intégrer leurs itinéraires référencés dans l'Observatoire du schéma national des véloroutes et voies vertes », annonce Thomas Montagne, géomaticien à l’association. Cette intégration suppose l’identification des référents dans la maîtrise d’ouvrage.
Variable humaine
Les Pyrénées atlantiques préfigurent déjà cette prise en main : suite à sa participation à Alantic on bike, le département a déployé la hotline dans les quatre itinéraires qui irriguent son territoire. Pour l’heure, les deux chargés de mission vélo centralisent encore le suivi des anomalies, mais la densification du réseau de référents reste à l’ordre du jour.
Derrière la technique, cette perspective illustre l’importance de la variable humaine, pour gagner le pari de la maintenance, sujet hypersensible du point de vue du cycliste, comme le confirme Emma Le Conte, coordonnatrice de Véloscénie : « Souvent découragés par les nombreuses disparitions de panneaux dans les Yvelines ou par les tronçons non stabilisées, les franciliens ont tendance à considérer que l’itinéraire ne commence vraiment qu’en Eure-et-Loir ».
Le pari de la confiance
Le constat de dégradations récurrentes, surtout aux abords de la capitale, a poussé les partenaires de Véloscénie à intégrer le nouvel outil à l’automne 2020. « Mais il n’y a pas de recette magique pour garantir la réactivité de tous les maîtres d’ouvrage », admet Emma Le Conte.
Pour gagner le pari de la confiance entre les cyclistes et les maîtres d’ouvrage, Agathe Daubenton, chargée de projets à Vélo & Territoires, recommande à ces derniers une communication authentique : qu’ils n’hésitent pas à signaler un escalier qui, faute de financements à court terme, reste un point difficile dans la continuité cyclable d’un itinéraire.
Communication tous azimuts
Le lancement du déploiement national passe par une communication tous azimuts : en plus des cyclistes, les gestionnaires d’itinéraires comptent sur les offices du tourisme et sur les hébergeurs pour signaler les anomalies. Dans les Pyrénées atlantiques, Isabelle Guy a également briefé les associations d’insertion, chargées de l’entretien courant des itinéraires départementaux.