« Le signal, c’est le projet » : par cette formule, l’architecte Laurent Thomassin, membre du jury, résume l’option choisie pour la valorisation de l’extrémité nord de l’île du Rhin, à mi-chemin entre Bâle et Strasbourg. La vision de l’équipe lauréate évoque à ses yeux les Cités radieuses de Le Corbusier ou le Centre Beaubourg de Richard Rogers et Renzo Piano. « A partir de ce choix, vous êtes en situation d’aller très loin, si vous gardez votre détermination dans les étapes suivantes » : André Heimburger, directeur de l’Agence d’aménagement et d’urbanisme du Haut-Rhin, assistant au maître d’ouvrage, s’est adressé en ces termes aux élus du pays de Brisach, le 8 juin après la délibération du jury. Message reçu par Gérard Hug, président de la communauté de communes, maître d’ouvrage : « Nous sommes au début d’un long chemin »…

Composition de l’équipe : DEA (architecte mandataire) ; Villes et paysages (paysage) ; les Eclaireurs (conception lumière), Pierre Fraenkel (artiste) ; Hans Wirz (urbaniste), Berest (voirie et réseaux divers).
Trois propositions avaient émergé en décembre dernier, parmi les 44 dossiers pré-selectionnées. Pour marquer l’entrée en France sur une emprise de 22 000 m2, entre les collines allemandes du Kaiserstuhl et la ville française de Neuf-Brisach, fortifiée par Vauban et inscrite au patrimoine mondial, les concepteurs devaient répondre à trois objectifs : une architecture remarquable ; une prestation artistique ; un aménagement compatible avec l’accueil d’activités touristiques et économiques.
Les autres finalistes :
Spitz-Peter : train, hôtel et eaux vives

De part et d’autre de l’axe Est – Ouest matérialisé par les ouvrages de franchissement du canal d’Alsace et du Vieux Rhin, l’équipe coordonnée par l’architecte colmarien Michel Spitz scénarise le dialogue entre activité et nature. Adossé aux ouvrages hydrauliques, le belvédère proposé par l’architecte sculpteur Laurent Reynès ouvre la vue sur ce dialogue. Au Nord et en s’appuyant sur l’expertise hydraulique du cabinet Merlin, les concepteurs profitent de la pression de la nappe, en aval de la centrale hydroélectrique et de sa chute d’eau de 18 m, pour créer un parc d’eaux vives à moindre coût. Ils ressuscitent les baignades sur le Rhin, courantes jusque dans les années 30. L’attractivité touristique repose également sur l’hôtel lacustre d’exception.
Militant des transports publics et cyclables, le paysagiste Alfred Peter propose des solutions adaptées aux temps de crise : sans construire de nouveaux ouvrages, un feu rouge suffit à rétablir la traversée ferroviaire du Rhin sur laquelle achoppent les partisans de la reconstruction de la ligne Colmar Fribourg. Fixées sur les ponts routiers existants, des structures légères accueillent les piétons et les cyclistes.
Composition de l’équipe : Michel Spitz Architecte (mandataire) ; Alfred Peter (paysagiste) ; Laurent Reynès (artiste) ; Cabinet Merlin (ingénierie).
Meccanoo : l’archipel rhénan

L’équipe hollandaise puise son inspiration dans l’histoire : avant sa transformation en une rivière linéaire, le Rhin coulait dans un archipel d’îles. Métaphore des anciens bras fluviaux, des espaces publics de liaison entre les activités rendent vie à ce modèle. L’organisation des îlots évoque l’écomusée d’Alsace proche, et permet d’étaler les constructions dans le temps. Adaptée aux milieux secs ou humides et puisée dans les essences locales, la végétalisation accentue le contraste entre les plateaux haut et bas. Un belvédère de béton et de bois surplombe l’ensemble. Sa construction lancerait le projet.