«Une prouesse technique et organisationnelle par ses dimensions et son implantation en zone urbaine. » C'est ainsi que Gérard Mary, directeur des grands travaux du Siaap, définit le tunnel Ivry-Masséna (Tima) qui entre en service ce mois-ci.
Tima 1 est un tunnel de stockage des eaux pluviales d'une capacité de 80 000 m. L'une de ses entrées est située au droit du pont National (Paris XIII). Niché à 35 m de profondeur (celle du RER), il est long de 1 860 m pour un diamètre de 6,8 m. « Son objectif : stocker et transporter les eaux pluviales excédentaires d'orages pour éviter la saturation du réseau d'assainissement et les déversements d'eaux polluées dans la Seine. C'est un double enjeu environnemental et réglementaire. Car ces eaux de ruissellement, en lessivant les sols, sont chargées d'hydrocarbures, de métaux lourds et de déjections animales », souligne Michel Gousailles, directeur du développement et de la prospective du Siaap.
Avec une capacité d'absorption de 20 m/seconde, Tima se remplit lors des fortes pluies d'orage. Le stockage est court (deux jours), le temps que la station d'épuration de Valenton, d'une capacité de 600 000 m/jour, puisse traiter ces eaux. Après usage, le tunnel est rincé par de l'eau de Seine acheminée par des conduites, afin d'éviter la prolifération des bactéries et des odeurs. L'ouvrage devrait servir une cinquantaine de fois dans l'année.
Tima est composé de deux volets. Longeant la rive gauche de la Seine, Tima 1 aboutit au bassin des Cormailles à Ivry-sur-Seine, lui-même relié à l'usine de Valenton. Tima 2, long de 850 m et d'un diamètre de 4 m, commence sur la rive droite près du centre commercial Bercy 2, traverse la Seine, et rejoint Tima 1 au pont National.
Un investissement de 120 millions d'euros
Pendant les cinq ans de chantier, le tunnelier du métro de Toulouse a creusé Tima 1 au rythme de 15 m par jour dans un contexte souterrain fait de marnes souples et d'un mélange de craies tendres et dures. Les travaux ont été réalisés par Bouygues TP (mandataire) avec Razel et Spie. L'ouvrage est prévu pour durer soixante ans.
L'investissement s'élève à 120 millions d'euros, financés à 40 % par le Siaap, à 40 % par l'agence de l'eau Seine Normandie, et à 20 % par le conseil régional d'Ile-de-France. Le Siaap dispose désormais d'ouvrages pouvant stocker plus de 580 000 m d'eaux pluviales. A l'horizon 2020, cette capacité devrait être portée à 1,5 million de m.