Le premier congrès mondial dédié aux immeubles bois de moyenne et grande hauteur Woodrise se tiendra à Bordeaux du 12 au 15 septembre (lire focus ci-dessous). L’occasion d’affirmer haut et fort que la construction de bâtiments de grande hauteur en bois n’est pas une idée franco-française mais qu’elle s’inscrit dans une dynamique internationale. En Europe, aux Etats-Unis ou en Asie, des projets immobiliers de moyenne à grande hauteur en bois de 6 à 20 étages sortent de terre.
Ils s’inscrivent dans la dynamique actuelle, à savoir associer performances énergétiques, impact environnemental et confort de vie, le tout dans une optique de densification des villes. « Cette tendance, qui prend corps partout dans le monde démontre, au-delà de la prouesse architecturale, combien le bois peut s’adapter de façon durable et performante à des projets variés, valorisant au mieux ses caractéristiques en mécanique, acoustique et performance au feu », s’enthousiasme Patrick Molinié, responsable développement construction à l’institut technologique FCBA, et organisateur du salon Woodrise.
Parmi ces projets d’immeubles de grande hauteur en bois, plusieurs s’élèveront en France, avec par exemple, les deux tours de 50 mètres programmées à Bordeaux, « Hyperion » (Eiffage) et « Silva » (Kaufman & Broad). La première, à proximité de la future gare TGV, sera l’œuvre de l’architecte Jean-Paul Viguier. Située en plein centre de Bordeaux, elle accueillera 82 appartements, des logements sociaux, des bureaux et des locaux d’activités. La seconde, haute de 50 mètres, signée par le Studio Bellecour et Art&Build, abritera des logements sur 18 étages. Et impliquera des acteurs industriels français (Techniwood pour les panneaux à ossature bois croisée et Sacba, pour les panneaux lamellé-croisé). Pas moins de 36 autres projets intégrant une structure bois et des aménagements intérieurs bois devraient voir le jour en métropole dans le cadre du projet Immeubles à Vivre Bois, soutenu par les ministères de l’Économie, de l’Agriculture, de l’Environnement et du Logement, et porté par l’association Adivbois.
Vienne, Londres…
De l’autre côté de l’Atlantique, au Canada, la tour Origine de 40,9 mètres de haut abritera 94 logements. Signée par l’architecte Yvan Blouin (Québec), elle sera réalisée par le consortium NEB, composé du constructeur EBC, Nordic Structures bois et Synchro immobilier. D’autres projets sont dans les cartons, en Angleterre avec la Oakwood Tower à Londres, la maison de la culture à Göteborg en Suède ou, encore, la tour Hoho à Vienne en Autriche… La tour Brock-Commons de 50 m de hauteur à Vancouver (Colombie britannique) est, elle en cours d’achèvement.
« Au-delà de leurs atouts techniques et environnementaux, ces ouvrages se distinguent également par le confort et le bien-vivre en ville, poursuit Patrick Molinié. Ils représentent les ouvrages de demain : des constructions multifonctionnelles, réversibles, évolutives, performantes et respectueuses de l’environnement, répondant aux nouvelles attentes des usagers »,argumente-t-il. C’est là, notamment, que s’inscrivent les projets de construction japonaise. A travers le bien-être. Le Smart Wellness Experience Pavilion, par exemple, est un projet de recherche soutenu et réalisé par l’Université Keio, la ville de Yokohama et Nice Corporation, dont le thème est la relation entre le bois et le bien-être des personnes vivant dans les maisons. Le chauffage, la ventilation, la qualité du sommeil, le confort, la faible consommation d’énergie sont étudiés. Les visiteurs peuvent par exemple y expérimenter les effets de la décoration du bois sur la qualité du sommeil ou, encore, découvrir l’impact d’une maison bien isolée sur leur consommation d’électricité. Un programme de recherche franco-japonais est également porté par le FCBA sur ces mêmes thématiques, en partenariat avec l’école d’ostéopathie de Champs sur Marne, l’université de Keio et l’école d’architecture de Tokyo.
Canada, Japon, France… ont fait évoluer leurs réglementations pour accueillir ces immeubles en bois de moyenne et grande hauteur. « Tous font la même chose à des endroits différents, alors autant partager et mutualiser les compétences », argumente cet ingénieur, qui a la conviction que les immeubles bois de moyenne et grande hauteur sont au cœur de la ville durable et de la transition écologique. Le défi est grand. Reste à passer de l’expérimentation à la réalisation voire à la massification.