Cest un espace surprenant, fruit d'une subtile alchimie entre végétal et sculpture, créé pour susciter l'émotion et réveiller les souvenirs. Le jardin de l'horloge « Art, mémoire et vie » a été conçu pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Cet espace « à visée thérapeutique » couvre 4 000 m en plein centre de Nancy, au cœur du CHU. C'est le D Thérèse Jonveaux, chef de service du centre Paul Spillmann à l'hôpital Saint-Julien, qui a transformé la cour d'honneur donnant de plain-pied sur le rez-de-chaussée du centre.
Des éléments interactifs.
« La conception du jardin s'appuie sur les travaux existant sur la maladie d'Alzheimer, précise le médecin. Ce qui en fait un véritable outil thérapeutique à la disposition des équipes soignantes. » Les aménagements cherchent à estomper le tracé géométrique d'origine à quatre carrés et à créer des repères topographiques et temporels fondamentaux pour des patients désorientés. Le dessin des nouvelles allées adopte des courbes douces en stablisé de couleur sable clair. Sur ce vaste terrain plan encadré de bâtiments sur trois côtés, massifs, arbustes, murets de pierres, sculptures, touffes de graminées, bassins d'eau, bancs originaux proposent autant de jalons que de stimulations sensorielles. Les concepteurs jouent sur la palette de l'art des jardins pour offrir un espace à la fois lisible et meublé d'éléments interactifs.
Plantes annuelles et rampantes.
La fontaine qui serpentine du carré Terre avec son épais vitrail de verre taillé ruisselant d'eau et ses trois sculptures dans la pierre de Lérouville, est « Le » monument du jardin. Le jaune des œillets d'Inde et le blanc des azalées répondent à la pierre blonde. « Nous travaillons sur des plantes annuelles complétées par des rampants pour accentuer l'effet du ruisseau, explique Patrick Hennebert, responsable du service espaces verts du CHU, dont les équipes réalisent le volet végétal sur la totalité du jardin. L'ensemble est rehaussé par deux ou trois pieds de cotonniers. » Comme toutes les œuvres d'art qui interpellent, animent et structurent le lieu, la fontaine aux trois sculptures est due à Reinard Fescharek, médecin allemand passionné de sculpture depuis l'enfance. « Un artiste crée à partir de son instinct, explique-t-il. Là, c'est différent. Il faut imaginer des formes esthétiques, mais dotées d'une puissance sensorielle pour les patients. Les accoudoirs des bancs invitent la main à se poser, toucher, caresser. »
Terre, Vent, Eau, Feu.
Chaque carré d'origine sert de support à un thème auquel est associée une couleur. Rouge par exemple pour le carré du Feu. Sur les pentes d'un volcan d'où jaillit une éruption de basalte sculpté, s'écoulent des fleuves de laves de sauges rouges, de bégonias roses, d'azalées mollis orangées mêlés de rosiers fresco. Couleurs qui parlent aux patients et les font réagir. Patrick Hennebert souligne que la composition végétale intégrée à la démarche artistique et thérapeutique exige un flux continu d'échanges, en particulier avec Reinhard Fescharek.
En attendant la suite.
Les jardiniers gèrent ici un patrimoine d'une soixantaine d'espèces et d'essences. Toutes les fleurs et plantes sont produites dans les serres du CHU, sauf la plupart des arbres et arbustes. Et le chantier continue : le carré Eau sort de terre : « on essayera de jouer sur les dominantes choisies de bleu et blanc, avec des Buddleia, Caryopteris et Perovskia », prévoit Patrick Hennebert.
Dans le carré Vent, un miniverger de mirabellier, abricotier, pommier, poirier et cerisier vient d'être planté. Une pergola, support de rosiers grimpants, va être construite et un feston de gazon fleuri planté. -





