Un contexte favorable au développement du mur manteau

Confort d'hiver et confort d'été, à condition d'aérer la nuit pour emmagasiner la fraîcheur nocturne, étanchéité à l'air... L'isolation par l'extérieur s'inscrit dans la ligne des économies d'énergie.

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L’isolation par l’extérieur s’inscrit dans la ligne des économies d’énergie.

«En France, la force de l'habitude pousse à isoler par l'intérieur. Pourtant jamais le contexte n'a été aussi favorable à l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) », observe Dominique Delassus, président du groupement du mur manteau qui réunit les principaux industriels du secteur. « Après l'âge d'or des années 1980 et les quelques désordres qui ont suivi, le Grenelle de l'environnement et la prise en compte des ponts thermiques dans la réglementation thermique ont déclenché une nouvelle prise de conscience. » D'autant que les industriels ont su profiter de ce retour d'expérience en développant des solutions pour maîtriser les principales pathologies connues (profilés de raccord permettant la dilatation différenciée des matériaux, chevilles de fixation recouvertes d'isolant pour éviter les spectres sous enduit) ou en proposant des fixations spécifiques pour volets, stores... évitant de créer de nouveaux ponts thermiques. « La demande en isolation thermique par l'extérieur augmente, surtout sur le marché de la réhabilitation, dans le tertiaire et le logement collectif », assure Dominique Delassus. « Dès que l'ouvrage dépasse deux niveaux, le procédé est techniquement et économiquement avantageux. C'est moins vrai lorsqu'il n'y a qu'un plancher intermédiaire. Une isolation intérieure, complétée par des rupteurs thermiques, fait l'affaire. »

Excellente étanchéité à l'air

« Il est également possible de recourir à d'autres modes constructifs comme les solutions d'isolation répartie (type Monomur), notamment en maisons individuelles, souligne Edith Akiki, ingénieur au bureau d'études Tribu. Mais l'isolation thermique par l'extérieur a d'autres atouts. Elle assure une excellente étanchéité à l'air, critère incontournable dans une construction labellisée BBC (bâtiment basse consommation) où sont exigées des valeurs basses de perméabilité à l'air. » On estime que 25 à 33 % des apports d'air dans un bâtiment proviennent des défauts d'étanchéité de l'enveloppe, avec pour conséquence une consommation énergétique accrue et une incidence sur la qualité de l'air intérieur. En réhabilitation, isoler par l'extérieur permet également, lorsque le bâtiment est sans caractère architectural particulier, de retravailler l'esthétique de la façade et de réaliser en une seule opération une rénovation thermique et architecturale.

Le projet de recherche Mitech financé par la fondation Bâtiment Energie propose une offre globale pour la rénovation de maisons individuelles construites entre 1945 et 1975 (avant les réglementations thermiques) avec un objectif de consommation énergétique de 80 kWhep/m2.an (valeur exigée en rénovation par le label BBC Effinergie). Toutes les opérations de rénovation s'effectuent par l'extérieur, qu'elles concernent l'enveloppe (isolation de la façade et de la toiture par la technique sarking (1) ou par panneaux sandwich isolants), ou les réseaux techniques (ventilation, plomberie, électricité) qui sont passés sous gaines entre le mur porteur et l'isolant.

Aucune restriction sur les finitions

Le mur manteau n'impose aucune restriction en terme de conception. Tout ce qu'il est possible de faire en finition sur un mur isolé par l'intérieur peut se réaliser en mur manteau : enduit, revêtement mince en pierre naturelle ou en verre, bardage bois, métallique ou terre cuite, bacs végétalisés, panneaux photovoltaïques... « Toutes les interventions ont lieu par l'extérieur mais ce n'est pas pour autant que la mise en œuvre est plus compliquée que celle d'une isolation intérieure lorsqu'on veut atteindre un niveau passif, estime Edith Akiki. Elle est simplement différente, demande un travail soigné au niveau des points singuliers pour ne pas amoindrir le bénéfice de l'isolation par l'extérieur. Même s'il reste possible d'installer les menuiseries par l'intérieur, en applique ou en tunnel, il est conseillé de les poser au nu extérieur pour éviter de recréer un pont thermique. Dans le cas contraire, il est impératif de mettre en place un capotage pour isoler les retours de tableaux. Il faut également faire attention, lors de la pose de revêtements sur ossature, de ne pas recréer un pont thermique au niveau des profilés. Il est donc recommandé de poser deux couches croisées d'isolant ou de fixer l'ossature secondaire sur des équerres devant l'isolant. » Reste à persuader les entrepreneurs encore méfiants même si les demandes de formations affluent selon Dominique Delassus... « La levée d'un dernier frein pourrait les rassurer. D'ici peu un guide de conception des ouvrages à valeur de DTU devrait voir le jour. »

(1) Le Sarking, technique inventée et mise au point par Dow, permet d'isoler en continu et par l'extérieur les toitures inclinées. La charpente supporte les éléments de couverture par l'intermédiaire de la couche d'isolation, des contre-bois et des liteaux.

Article paru dans l'Annuel Technique du Moniteur - 29/05/2009

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