Le train-usine de TSO (Travaux du Sud-Ouest) fait étape pour un mois en Alsace. La filiale du groupe NGE déploie jusqu’à mi-novembre son équipement XXL nommé « BOA » pour le remplacement de rails sur une longueur cumulée de 36 km entre Mulhouse et Colmar (Haut-Rhin), le long de la très fréquentée ligne menant de Strasbourg (Bas-Rhin) à l’entrée de la Suisse à Bâle où quelque 110 trains (20 TGV, 80 trains express régionaux et une dizaine de trains de marchandises) circulent chaque jour. Le coût du chantier sur ce tronçon est entièrement pris en charge par SNCF Réseau pour un montant de 10,3 millions d’euros.
Les rails à déposer ne datent que de 1980, mais la sollicitation dont ils ont font l’objet explique leur usure précoce. « Ils pourront cependant être réutilisés sur des voies de moindre intensité », souligne Patrick Beninger, pilote d’opération chez SNCF Réseau. Ce 28 octobre en fin de soirée puis dans la nuit, le convoi se déploie au niveau de la gare de Staffelfelden (Haut-Rhin) sur sa longueur de 800 mètres qui lui donne tout son intérêt en termes de « productivité ». « Nous avançons à un rythme deux à trois fois supérieur à un remplacement classique réalisé sans un tel équipement », évalue Patrick Beninger.

Le train-usine BOA de TSO (groupe NGE), ici en action à Staffelfelden (Haut-Rhin) dans la nuit du 28 au 29 octobre, mesure 800 mètres de longueur et se décompose en quatre wagons pour la dépose et la substitution des rails. © Christian Robischon
Parmi les quelques installations de ce type, celle de TSO-NGE présente la particularité de chauffer directement le rail à sa température de 25 °C par induction, grâce à un four incorporé dans le convoi. Autre particularité, il se décompose en quatre parties qui assurent successivement les différents étapes en une seule nuit : le déchargement des rails neufs acheminés sur site dans la journée depuis la base arrière de chantier (à Montreux-Vieux dans le Haut-Rhin, à une soixantaine de kilomètres, dans le cas présent), leur soudure électrique, le démontage des anciens rails et la fixation de leurs successeurs, enfin le chargement du matériel usagé et sa découpe sur le wagon lui-même.

Chaque rail de 108 mètres est soudé au suivant par procédé électrique. © Christian Robischon
Les nouveaux rails présentent une longueur unitaire de 108 mètres. Ils sont produits par l’usine de Hayange (Moselle) qui fournit le réseau ferroviaire depuis la fin du XIXe siècle et sa création par la dynastie de Wendel. Passée par de multiples propriétaires français (Usinor-Sacilor), britanniques (Corus Rail, British Steel…) ou indien (Tata Steel), elle bat aujourd’hui pavillon allemand, celui du groupe Saarstahl.
Un ballet entre hommes et machine
Réglée dans les moindres détails, la chorégraphie entre hommes et machine est fluide. Elle permet de libérer à nouveau les voies en journée pour la circulation des trains, comme si de rien n’était, avant de reprendre possession des lieux à la nuit tombée. Au bras de déchargement et aux puissants appareils de soudure, répond le ballet des petites mains qui ramassent les matériels d’attache et posent les nouveaux, un par un, en position mi-assis/mi-couché dans l’espace restreint au pied du wagon qui évoque le fond de cale d’un navire.

L’opération de « régénération » par pose de nouveaux rails en cours entre Mulhouse et Colmar se monte à 10,3 millions d’euros. © Christian Robischon
Au total, une centaine d’opérateurs s’activent sur le tronçon alsacien, avant de se déplacer vers un chantier suivant, au gré des plannings du train-usine. « Ils vivent avec la machine », souligne, non sans admiration, un cadre de SNCF Réseau.
L’installation de TSO partira ensuite pendant un mois entre Mulhouse et Belfort, laissant sur le tronçon actuel les travaux de finition s’achever. Auparavant cette année, elle s’est déployée en région parisienne, sur l’axe Polt (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) ou encore entre Poitiers et Angoulême en Nouvelle-Aquitaine.